Alors que les exportations sont dominées, à 97%, par les hydrocarbures et les financements des grands projets du quinquennal 2010/14, capitalisant 278 milliards de dollars, sont soutenus exclusivement par la manne pétrolière, l'avenir proche de l'Algérie est-il…incertain ? C'est ce que laissent présager des informations pessimistes eu égard aux retombées calamiteuses des derniers scandales de Sonatrach et qui pourraient lourdement pénaliser le financement des projets budgétivores du quinquennal. Ce n'est nullement une boutade. Les chiffres émanant de médias et institutions étrangères confirmés sont très alarmistes. Mais le gouvernement reste confiné dans son optimisme béat : tout est pour le mieux dans les meilleurs des mondes possibles. D'après le magazine Petroleum Economist, spécialisé dans le secteur de l'Energie, les exportations de GNL sont passées de 12 à 6% du total des échanges mondiaux de GNL, durant la dernière décennie. Parallèlement sur la même période, le volume des échanges de gaz dans le monde s'est développé de 8,1%, alors que les exportations algériennes ont baissé, a contrario, de 11%. Dans la foulée de ces chiffres, «de nombreuses incertitudes pèsent sur l'industrie du GNL à court et à moyen terme, mais les perspectives à long terme restent haussières», a annoncé récemment Alex Forbes Les experts de Petroleum Economist incombent ces baisses des exportations algériennes à l'insuffisance des nouveaux projets d'investissements dans le secteur. Sur ce volet, les dirigeants algériens ont tous misé sur les nouveaux projets des gazoducs, à l'instar de Medgaz pour aplanir le déficit. Toutefois, les spécialistes étrangers tablent sur une baisse, à court terme, de 80,1 milliards de mètres cube par an des capacités d'exportations de l'Algérie et ce, même avec la mise en service de Medgaz. Et pour cause : les autres projets d'infrastructures industrielles et de transport du GNL ne seront pas achevés avant 2013 au plus tôt. Les travaux du gazoduc Galsi, acheminant le gaz en Italie via la Sardaigne, ne seront terminés, selon les pronostics les plus optimistes, qu'à partir de 2014. L'autre projet d'usine du GNL d'Arzew, acquis par l'italien Saipem, en partenariat avec le japonais Chiyoda, ainsi que celui de Skikda confié à KBR enregistrent d'importants retards de réalisation. Sonatrach écimée et meurtrie par les scandales Sur un autre registre, le placement sous contrôle judiciaire du PDG de la SONATRACH et de certains de ses collaborateurs, tous sont impliqués dans une affaire de corruption, a pénalisé lourdement l'entreprise publique des hydrocarbures Sur la SONATRACH, à la une de tous les journaux algériens, outre le PDG Mohamed Meziane, ce sont aussi 10 autres membres de la direction de la SONATRACH qui sont soit en prison soit sous contrôle judiciaire, suspectés de corruption dans le cadre de la passation d'un marché. Un véritable séisme pour le premier employeur d'Algérie qui assure aussi presque à lui seul la quasi-totalité des recettes en devises. La gestion de cette affaire a été faite dans la précipitation. Le ministre de l'énergie de l'époque, Chakib Khelil, avait du trouver un cadre susceptible d'assurer l'intérim de la présidence ; en l'occurrence le seul des 4 vice-présidents de la SONATRACH qui sortent indemnes du scandale, Nourredine Cherouati. Jusqu'à l'installation de Youcef Yousfi, les dirigeants ont également perdu un temps précieux. Il fallait changer de cap. En effet, le nouveau ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a affiché, dès le début, qu'il fallait rompre avec le lourd héritage de son prédécesseur, Chakib Khelil. Il désigne «les dérives» enregistrées durant les dernières années dans la gestion du secteur de l'énergie en général et de la compagnie nationale des hydrocarbures. Tout est à revoir, semble-t-il. «Des mesures ont été prises pour deux objectifs : le premier c'est de stopper les dérives qui se sont produites (...) dans la conduite de nos affaires, et le deuxième est d'impulser le développement des industries nationales, et nous maintiendrons le cap pour ces deux objectifs», avait-t-il lancé, depuis le Québec, devant les représentants de près de 40 grandes compagnies canadiennes et québécoises, le 19 septembre dernier. En attendant l'assainissement du passif Khelil et la mise en marche d'une nouvelle politique, ses concurrents n'ont pas raté l'opportunité pour s'accaparer de marchés qui étaient favorables à l'Algérie. En effet, selon Petroleum Economist, l'Algérie a perdu deux marchés de fourniture de pipeline, en Italie, principal débouché du GNL algérien. C'est la Libye qui a bénéficié du chaos de Sonatrach pour acquérir le pipeline Greenstream en Sicile et la Norvège qui a commencé à fournir l'Italie depuis ses terminaux continentaux en 2001. Même les Pays-Bas voient leurs échanges avec l'Italie s'allonger. Pis encore, le client traditionnel de l'Algérie, à savoir l'Espagne, va voir…ailleurs, surtout avec la persistance des différends commerciaux. Le Nigeria, l'Egypte et le Qatar ont tous vu leurs positions se renforcer malgré leur situation géographique et logistique beaucoup moins favorable que celle de l'Algérie, note le magazine. Et tout cela au détriment de l'Algérie qui a misé depuis les années 70 sur l'exportation du GNL.