Une délégation de hauts responsables algériens du ministère de la Défense s'est déplacée en Italie, du 12 au 19 septembre dernier, pour visiter des usines de l'industrie militaire italienne. Cette dernière veut s'imposer dans la course pour l'obtention du marché relatif à la fourniture de quatre frégates modernes avec des systèmes de camouflage pour un montant de 11,6 milliards de dollars. Les comptes-rendus de la presse italienne soulignent que les géants italiens ont étalé le tapis rouge à la délégation algérienne, en visite de prospection. Elle a été reçue avec tous les égards par Salvatore Reja, un haut responsable de la marine italienne. Les chantiers navals «Fincantieri» espèrent séduire la grande muette algérienne et empocher le gros lot. Les Algériens ont visité les chantiers de Fincantieri, situés près de Gênes, où sont fabriquées les fameuses frégates FREMM de 5.800 tonnes. FREMM est une deuxième génération de frégate française, un projet lancé en 2002 par Amaris, une filiale de DCNS et l'entreprise française Thalès défense, et par Orizzonte Sistemi Navali, un groupe italien dirigé par Fincantieri et Finmeccanica. Ils ont également fait escale dans les unités d'autres entreprises italiennes spécialisées dans la construction des navires, dont le siège de Selex Sistemi Integrati, une filiale du fleuron italien Finmeccanica, à Rome. Ils ont été, par la suite, reçus par le secrétaire général du ministère italien de la Défense, le général Aldo Dinelli, et Dino Nascetti, directeur général de l'armement naval. Des sites spécialisés dans l'industrie militaire soulignent que le Premier ministre italien, Silvio Berlusconi, aurait eu une longue discussion sur l'offre italienne lors de sa rencontre avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en marge de la cérémonie de célébrations, de quarante ans de règne, du leader Libyen le colonel Moammar El Gadhafi. La concurrence s'avère cependant très rude. Le constructeur italien doit se mesurer à des leaders mondiaux, à savoir DCNS (France), Thyssenkrupp Marine Systems (Allemagne) mais aussi BAE Systems (Grande-Bretagne) qui a mis sur le marché son dernier produit, des frégates Type 23, qu'on dit très performantes. Les Algériens auraient exigé dans le cahier des charges de réceptionner deux frégates à l'état fini et la construction des deux autres au niveau du chantier naval algérien de Mers el-Kebir pour relancer sa propre industrie et pour matérialiser le transfert de technologie. Les Français étaient considérés comme étant les favoris pour cet appel d'offres mais les nuages qui assombrissent actuellement les relations entre l'Algérie et l'Hexagone, notamment le refus de la France de s'excuser pour son passé colonial, l'affaire des moines de Tibhirine et celle de Mecili, ont poussé l'Algérie à revoir sa copie en relançant la concurrence. Depuis, les plus grands chantiers navals du monde affûtent leurs armes pour décrocher ce contrat.