Par Faouzia Belkichi Cela ressemble furieusement à une opération offensive et tactique. La hausse continue du prix du baril du pétrole contraint à se montrer malin. Ainsi, un géologue américain travaillant pour l'administration est parvenu à chiffrer le trésor qu'abriteraient les sous-sols de l'Arctique: 100 milliards de barils de pétrole encore non exploités. Un véritable eldorado qui attise depuis longtemps déjà les convoitises de cinq pays. Les cinq pays côtiers (Canada, Danemark, Norvège, Russie et Etats-Unis) qui se disputent la souveraineté sur ces eaux de l'Océan Arctique. Cette allégation tombe à point nommé, elle intervient quelques jours seulement après une autre déclaration, celle du président américain George W. Bush. Dans le but de limiter la dépendance américaine et de faire baisser le prix du baril, il n'a pas hésité à proposer la fin d'un moratoire vieux de 27 ans sur les forages pétroliers offshore au large des côtes américaines. Dans la foulée, Bush Junior a même suggéré d'étendre les investigations près de l'Alaska. Si l'Alaska n'est pas l'Arctique, le débat est cependant relancé. En rappelant ainsi son intérêt sur les forages pétroliers en mer, George W. Bush ancre son pays dans cette course aux ressources pétrolières. Le message est clair, l'exploitation de l'Arctique ne se fera pas sans la puissance américaine. L'enjeu est de taille, actuellement la consommation mondiale se situe aux alentours de 85 millions de barils de pétrole par jour. Et cette consommation pourrait s'élever, selon les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), à 130 millions de barils en 2030. Et avec en outre un baril qui pourrait, cet été, atteindre 150 voire 170 dollars, les compagnies pétrolières ont de moins en moins le choix, leurs explorations vont s'orienter de plus en plus vers les profondeurs des océans. Preuve en est, 75 plates-formes pétrolières de haute profondeur devraient être construites d'ici 2011. Quant aux carnets de commandes des constructeurs de navires explorateurs de pétrole, ils sont pleins pour les cinq prochaines années. Ces sociétés en ont profité au passage pour en augmenter le prix, le faisant passer de 100 à 500 millions de dollars. Aux Etats-Unis, l'opposition à la proposition de Bush ne s'est pas fait attendre. A commencer par les Démocrates, majoritaires au Congrès. Suivi par leur candidat à la présidentielle, Barack Obama, soucieux de préserver l'environnement. Il souhaite orienter le pays vers les énergies renouvelables. Mais le combat sera difficile et il faudra sérieusement fourbir ses arguments. Le pétrole fait encore et toujours rêver. Et pire encore pour les écolos, le réchauffement climatique joue en faveur des groupes pétroliers. Devenue plus facile d'accès suite à l'érosion glaciaire, l'Arctique offre ses entrailles aux plus avides. Qu'importe que depuis 1979, la glace de mer ait perdu 20% de sa surface. Aujourd'hui étendue sur 10 millions de km⊃2;, elle pourrait passer à moins de 6 millions dans cent ans. Et comme le serpent qui se mord la queue, les premiers effets de ces recherches pétrolifères ne devraient pas se faire sentir avant une dizaine d'années. Avec pour corollaire d'exacerber les dégâts sur le réchauffement planétaire. Une vraie cerise sur le gâteau.