L'évolution des prix des matières premières à la baisse pèse aujourd'hui sur les agriculteurs en Europe, au Etats-Unis et même dans les pays émergeants. Une évolution qui a précipité la chute des marges et déstabilisé toute la filière agroalimentaire à travers ces pays. Conséquence, il faudra s'attendre à une déstabilisation totale de l'industrie agro-alimentaire mondiale. Comme souvent, la chute des cours a été encore plus violente que leur hausse préalable. Après plusieurs mois d'un renchérissement d'une vigueur inédite, les principales denrées agricoles ont en effet brutalement perdu presque la moitié de leur valeur. Pas un marché n'a été épargné. Prenons le blé. Le contrat janvier 2009 côté sur Euronext Paris s'est effondré de presque 60% depuis son pic historique atteint en février 2008. Le colza ne s'en sort guère mieux, avec une chute de 50% en seulement quatre mois ! Cette baisse est excessive et milite pour un rattrapage. Plusieurs forces de rappel devraient faciliter ce rééquilibrage attendu. C'est le cas des niveaux de stock, aujourd'hui non loin de leurs plus bas niveaux historiques. Ce n'est pas tout. La baisse des cours depuis plusieurs mois a amené de nombreux exploitants à travailler à contre-marge et donc, à envisager de réduire leurs surfaces plantées. D'où un déséquilibre prévisible entre une offre conjoncturellement sous pression et une demande qui reste vigoureuse. Car si la crise économique actuelle tempère la consommation, des tendances de fond structurelles vont continuer d'accroître la demande finale pendant encore de nombreuses années (alimentation de plus en plus protéinée dans les pays émergents, développement des biocarburants…). Le problème s'est donc radicalement inversé en quelques mois à peine. Préjudiciable il y a peu pour le pouvoir d'achat des consommateurs, et notamment des populations les plus vulnérables, l'évolution des prix pèse aujourd'hui sur l'amont de la filière agroalimentaire, dont elle a précipité la chute des marges. Si la conjoncture actuelle peut s'avérer avantageuse pour les pays consommateurs de matières premières comme le blé comme, c'est le cas de l'Algérie, du Maroc ou encore de l'Egypte, il n'en demeure pas moins que la situation est critique et que le revers de la médaille s'annonce d'ores et déjà dévastateur. En effet, plus que tout autre actif, la recherche d'un prix d'équilibre est indispensable pour permettre un approvisionnement équilibré du marché mondial : trop hauts, les prix maintiennent les denrées alimentaires hors de portée des populations pauvres. Trop bas, ils empêchent les agriculteurs d'investir et menacent leurs récoltes futures. Les prix évoluant sans filet dans des amplitudes alarmantes, le risque d'une déstabilisation du marché est donc important. D'autant qu'en l'absence d'un cadre réglementaire et administratif qui soit en mesure de canaliser les prix à l'échelle mondiale, la recherche d'un prix d'équilibre ne peut passer que par les forces du marché. Quel type d'exposition adopter dans ces conditions pour un investisseur ? Le contexte désormais structurellement volatile des marchés agricoles milite plutôt pour une gestion active, facilitant la détermination du prix en apportant de la liquidité au marché. Ainsi, elle offre des perspectives de performance sur le long terme pour les investisseurs, conciliables avec un comportement responsable. Dalila B.