Les importations massives de produits de consommation engendrent du mal à l'industrie nationale en perte de vitesse depuis au moins deux décennies. Selon Youcef Ben Abdellah, chercheur au centre de recherche et études appliquées du développement (Cread), le volume des importations très élevé en Algérie "détruit l'industrie nationale avec son lot de pertes d'emploi et de parts de marché au profit de la production internationale". Les conséquences sont là aujourd'hui avec une faible contribution de l'industrie au PIB, qui ne représente que "5% actuellement contre 15% dans les années 1980". Cela est dû à "la désindustrialisation qu'a connue le pays, synonyme d'un échec", a-t-il précisé. Le programme lancé par le gouvernement pour rattraper le retard est à "saluer" estime ce chercheur pour qui la "stratégie industrielle est le moyen idoine pour y parvenir" si "nous voulons nous aligner sur les taux réalisés par nos voisins qui disposent d'un tissus industriel important". En Tunisie comme au Maroc, la part de l'industrie dans le PIB avoisine "20%", a-t-il affirmé. Youcef Ben Abdellah du Cread, a souligné, également sur les ondes de la radio Chaîne III, que le projet de la stratégie industrielle repose sur une étude "fiable" proposant l'encouragement de secteurs à valeur ajoutée comme "la pétrochimie". Le secteur des hydrocarbures, ajoute-il, est orienté vers des activités à l'extérieur alors que ce secteur peut propulser la machine industrielle à travers la pétrochimie notamment. Toutefois, l'application de la stratégie industrielle qui n'est toujours pas adoptée par le gouvernement, nécessite, selon Youcef Ben Abdellah, la conjugaison de tous les efforts. Il estime qu'il est très difficile de faire "converger tous les acteurs institutionnels ou autres et les rassembler autour d'une même table car leurs intérêts sont contradictoires". Le contexte actuel marqué par l'embellie financière doit constituer "un vecteur pour relancer l'industrie nationale et sauvegarder des parts du marché malgré le choix de l'ouverture fait par les pouvoirs publics". Les pays ayant réussi dans leurs démarches dans les années 1970 ont commencé par appliquer un contrôle rigoureux à leurs frontières pour "préserver leurs intérêts nationaux". Interrogé sur le processus d'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce, Youcef Ben Abdellah, en tant qu'expert, a jugé "important" la décision de réexaminer certaines questions comme les prix des produits pétroliers. L'OMC exige, pour rappel, un alignement des prix sur l'international que l'Algérie n'est pas prête d'accepter. Il s'agit ainsi de "préserver un avantage comparatif dont dispose l'Algérie", a-t-il précisé. Abdelghani M.