À la différence d'autres professions, la déontologie des journalistes n'est pas régie par un code. Elle est constituée d'un ensemble de règles qui reposent sur des textes approuvés par les représentants de la profession. Ces règles s'appliquent à la mission du journaliste (le devoir d'informer, le respect du lecteur, l'intérêt public, le droit de savoir) et définissent sa légitimité et sa crédibilité (indépendance à l'égard des pouvoirs politiques et économiques, respect de la vie privée, protection des sources, etc.). Concrètement, on peut dire que la déontologie professionnelle journalistique est l'ensemble des normes qui gèrent la conscience professionnelle d'un informateur. Cet ensemble est basé sur deux principes basiques : la responsabilité sociale et la véracité informative. Mais, au-delà de ces définitions, la déontologie a-t-elle transformé les pratiques ? Pas forcément, plusieurs phénomènes peuvent mettre en péril les règles déontologiques du journalisme, depuis la politique rédactionnelle imposée par la direction d'une publication jusqu'à l'exigence de productivité et de rentabilité qui peut mener les journalistes à négliger certaines précautions indispensables, par exemple sur la vérification des sources ou le respect de la vie privée. Ces risques ont amené la corporation en Algérie à plaider pour l'amendement des dispositions du code pénal qui prévoit des peines d'emprisonnement pour délit de presse, et à assurer des procès équitables pour les medias. Les journalistes sont appelés à respecter la vie privée des individus et la présomption d'innocence, à n'obtenir des informations que " par des moyens légaux et moraux ", à rectifier automatiquement et rapidement toutes les informations fausses ou erronées, à éviter toute connivence qui nuirait à l'indépendance et l'impartialité de leur profession, à ne pas avoir pour objectif principal d'" acquérir du prestige et une influence personnelle ". Toujours est-il que ces textes sont profondément ambigus, car les codes ainsi élaborés n'ont souvent de déontologique que le nom. L'Etat est, actuellement, en train de réfléchir à des dispositions qui viendraient consolider celles existantes pour assurer une meilleure prise en charge de la profession, tant en matière juridique que sociale, en pensant notamment à mettre en place des mécanismes d'aide aux journalistes. Le code de l'information, revendication lancinante des professionnels du métier, sera révisé selon une vision "qui ne peut s'inscrire que dans une optique du futur", selon le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication, Azzeddine Mihoubi, et qui protègerait l'exercice journalistique dans le cadre du respect de l'éthique de la profession. L'Etat est à la recherche d'une " formule " qui permettra d'associer tous les concernés en se basant sur les différentes expériences en vigueur dans de nombreux pays, tout en prenant en considération la spécificité de l'expérience algérienne. Il va sans dire que vingt ans après l'ouverture du champ médiatique national, les dispositions juridiques qui régissent le secteur gagneraient à être actualisées, assouplies et harmonisées pour être au diapason avec les mutations actuelles. Adnane Cherih