L'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce est à la traîne, et cela est dû à plusieurs facteurs d'ordre politique et économique. C'est du moins ce qu'estiment les intervenants d'une table ronde organisée hier au centre de presse d'El Moudjahid. M. Idris Yalaoui, président de l'Anexal et consultant en économie, a avancé trois lectures, il s'agit, selon lui, de la volonté politique qui fait défaut, il y a aussi le fait que l'Algérie ne répond pas aux besoins des autres pays. Il dénonce également le manque de compétences. Ce même intervenant a souligné l'instabilité du comité de négociation mis en place par l'Algérie, "le comité doit être composé d'expert en management". M. Yalaoui a également relevé le fait que l'Algérie figure toujours dans la liste des 30 pays qui souhaiteraient l'adhésion. Il trouve cela inconcevable, puisque "l'Algérie a effectué sa demande en 1987 et, depuis, elle a participé à 10 rounds et a répondu à 213 questions." De son côté, M. Farid Benyahia, ingénieur en relations internationales, estime que "l'Algérie a émis certaines réserves jusqu'à ce que les conditions soient réunies". Sur le plan économique, il juge que l'élément clé qui retarde l'adhésion de l'Algérie à l'OMC "est la fuite des compétences, et cela engendre des pertes énormes à l'économie nationale" qui sont estimées selon lui à "100 milliards de dollars", et cela touche des secteurs sensibles tels la médecine, le génie nucléaire….les technologies de pointe. De ce fait, M. Benyahia suggère que l'Etat doit investir dans le facteur humain pour arriver à l'adhésion et pour pouvoir faire face à certains défis. Ce même intervenant a évoqué le volet des entreprises algériennes ; ainsi, 381 entreprises créées sont viables, ce qui représente 42% des structures de l'économie. 120 entreprises sont potentiellement fiables et 409 en difficultés soit un taux de 47%. Il a ensuite indiqué que "50% des entreprises peuvent être positionnées sur la scène internationale si elles possèdent un plan de management fiable". Pour rappel, l'Algérie cumule une longue négociation dans ce processus d'adhésion, puisque sa première demande remonte à 1987, sachant que les négociations effectives n'ont débuté qu'en 2001. Celles-ci ont été retardées en raison de son statut de pays pétrolier et du refus de l'ouverture des services relatifs au secteur de l'énergie, estiment des experts. A ce jour, elle a mené dix rounds de négociations multilatérales durant lesquels elle a traité 1600 questions relatives à son système économique et a tenu 93 réunions bilatérales avec 21 pays. Après le dixième round, l'Algérie a reçu 96 questions concernant certains aspects d'une dizaine de thèmes sur lesquels elle poursuit actuellement les négociations. Il s'agit des régimes des licences d'importation, des mesures sanitaires et phytosanitaires, des obstacles techniques au commerce, des subventions aux exportations, du fonctionnement des entreprises publiques, du double prix du gaz, de la taxe sur la valeur ajoutée et des entreprises commerciales d'étatiques. Une fois examinées, ces questions seront transmises au secrétariat général de l'OMC pour discuter de la date du 11e round.