Les cours de l'or ont accentué leur recul cette semaine, dégringolant à des niveaux plus vus depuis début octobre, pénalisés par un regain d'appétit des investisseurs pour les actifs plus risqués, tandis que le palladium retombait après avoir atteint un nouveau sommet. Après une évolution contrastée en début de semaine, le prix de l'once d'or a finalement accéléré son repli, tombant vendredi à 1308,25 dollars, son plus faible niveau depuis le 1er octobre 2010. "La faiblesse du marché de l'or ne fait que refléter un retour à la normale, avec une croissance économique à peu près synchrone dans le monde. Le retour de la confiance est particulièrement apparent aux Etats-Unis, et les risques sur les dettes souveraines diminuent en Europe grâce à un soutien politique et financier solide", notent Daniel Brebner et Xiao Fu, experts de Deutsche Bank. Après des indicateurs mitigés, les chiffres du PIB américain publiés vendredi, bien que moins bons qu'attendus, ont montré une nette accélération de la croissance économique des Etats-Unis au quatrième trimestre 2010. "L'optimisme général grandit et renforce l'appétit des acteurs de marché pour les actifs plus risqués", notamment les marchés actions, "et la demande pour les valeurs refuge a reculé de façon significative et les investisseurs se ruent vers d'autres formes d'investissement", insiste Commerzbank. Témoignant de cette désaffection, le plus important fonds d'or coté dans le monde, SPDR Gold Trust, a vu le niveau de ses participations tomber cette semaine à 1226 tonnes, contre 1251,43 tonnes une semaine plus tôt. La baisse des prix du métal jaune "est intervenue à contre-courant des prix des autres matières premières, malgré des craintes persistantes sur l'inflation, et une forte dépréciation de la monnaie américaine", qui d'habitude favorise les achats de métaux précieux libellés en dollars, observe John Higgins, économiste du cabinet d'études Capital Economics. "Les investisseurs ont une vision résolument plus confiante des risques de défaut des Etats au sein de la zone euro, et le dollar comme l'or ont chuté de concert", explique-t-il. La politique monétaire accommodante réaffirmée mercredi par la Réserve fédérale américaine (Fed), tout comme la possibilité d'un relèvement des taux d'intérêt en Chine avant le Nouvel an lunaire, début février, devraient maintenir la pression sur les cours de l'or, ajoutait James Moore, analyste de The Bullion Desk. L'or est cependant parvenu à effacer en grande partie ses pertes de la semaine vendredi soir, bondissant de plus de 30 dollars en l'espace de quelques heures, l'aggravation de la contestation en Egypte exacerbant les inquiétudes et la nervosité des investisseurs. Les cours de l'argent ont connu une semaine agitée, suivant à peu près l'évolution des prix de l'or et tombant vendredi à 26,40 dollars l'once, leur plus bas niveau depuis le 26 novembre. Les métaux platinoïdes ont pâti cette semaine d'une correction sensible, les opérateurs s'assurant la prise de quelques bénéfices après les sommets atteints récemment. Le platine était monté la semaine dernière jusqu'à 1849,28 dollars l'once, un niveau plus vu depuis juillet 2008, et le palladium a atteint lundi 828,25 dollars l'once lundi, son plus haut niveau depuis 10 ans, dopés notamment par la crainte d'un épuisement des stocks d'Etat russes. Les deux métaux ont depuis sensiblement reflué, sur un marché nerveux et sans entrain en Asie avant le Nouvel an chinois. De leur côté, les prix du coton ont aligné les records cette semaine à New York, au-delà de 1,70 dollar la livre, toujours dopés par la forte demande pour la production américaine, en particulier de la part de la Chine. Les cours "ont passé lundi des seuils de résistance importants, et évoluent depuis en territoire inconnu, signant record après record", ont observé les analystes de Plexus Cotton. Sur l'Intercontinental Exchange, le contrat pour livraison en mars a touché 1,7283 dollar, un prix inédit aux Etats-Unis depuis la Guerre de Sécession (1861-1865). Il évoluait vendredi vers 17H30 GMT (18H30 HEC) en repli par rapport aux sommets de la semaine, à 1,6613 dollar, mais en hausse par rapport au cours de 1,5694 dollar une semaine plus tôt. Les nouvelles de la semaine ont confirmé le scénario qui a déjà fait doubler les cours en 2010: production décevante à l'échelle mondiale, et hausse de la consommation, avec une explosion de la gigantesque industrie textile chinoise. Les derniers chiffres des douanes chinoises ont montré une explosion des importations en 2010, de 86% sur un an, alors que les propres récoltes du géant asiatique se sont révélées décevantes. Aux Etats-Unis, premier exportateur mondial, les ventes à l'international ont encore été très importantes, deux fois plus abondantes qu'anticipé par le marché. Les courtiers attendent donc impatiemment les estimations de semis pour la campagne agricole, que doit publier la semaine prochaine le National Cotton Council (NCC), fédération américaine du secteur. "Beaucoup d'analystes s'attendent à des augmentations importantes des surfaces cultivées en coton, pas seulement aux Etats-Unis, mais aussi dans d'autres parties du monde", a noté Plexus Cotton. "Nous pensons aussi que les agriculteurs vont consacrer plus de surfaces au coton, mais nous ne pensons pas que la hausse sera aussi forte que ce que certains analystes prévoient". L'indice Cotlook A, moyenne quotidienne des cinq prix du coton les plus faibles sur le marché physique dans les ports d'Orient, valait vendredi 197,50 dollars (pour 100 livres), contre 181,70 dollars en fin de semaine précédente. R.T.M.