Les pays consommateurs de pétrole, par le biais de l'Agence internationale de l'énergie, s'alarment des conséquences de la flambée du brut sur la croissance et appellent les pays producteurs à ouvrir davantage les vannes. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a appelé, ce jeudi, à une augmentation rapide de l'offre des pays producteurs de pétrole, au vu "de signes croissants" indiquant que "la hausse des prix du brut depuis septembre affecte la reprise". Crainte que ne partagent pas tous les observateurs. "Malgré une baisse de près de 10% depuis le 5 mai, les prix du pétrole restent à des niveaux élevés", qui s'expliquent notamment "par les fondamentaux du marché et les incertitudes géopolitiques", indique dans un communiqué l'AIE, après une réunion trimestrielle de son conseil d'administration. Selon ce communiqué, ce conseil a exprimé "de sérieuses inquiétudes au vu de signes croissants montrant que la hausse des prix depuis septembre affecte la reprise économique" en accroissant les déséquilibres mondiaux, en réduisant les revenus des ménages et des entreprises ou en faisant pression sur les taux d'intérêt. "Puisque la demande mondiale de pétrole augmente de façon saisonnière de mai à août, il y a un besoin clair et urgent pour davantage d'offre", a estimé l'AIE, qui représente les intérêts des pays industrialisés. Les prix du pétrole oscillaient autour de l'équilibre jeudi en cours d'échanges européens, faisant une pause après leur forte hausse de la veille, sur un marché volatil et nerveux toujours attentif aux mouvements du dollar. Vers midi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet s'échangeait à 112,25 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, cédant 5 cents par rapport à la clôture de mercredi. Dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin, dont c'est le dernier jour comme contrat de référence, gagnait 1 cent à 100,11 dollars. Les cours du baril avaient engrangé plus de 3 dollars à New York et plus de 2 dollars à Londres. "Les prix s'étaient envolés hier en partie à cause d'un regain d'optimisme plus général à l'égard des matières premières et des marchés actions, et en partie à cause des chiffres du Département américain de l'Energie (DoE)", bien plus favorables qu'attendu, relevait David Hufton, du courtier PVM. En conséquence, les observateurs ont relevé que l'appel de l'AIE n'a pas eu une incidence significative sur le marché mondial du brut. En effet, les tendances des prix pétroliers étaient contrastées ce midi après un appel pressant de l'Agence internationale de l'Energie à augmenter la production d'or noir. A la mi-journée, le baril de Brent de Mer du Nord d'échéance juillet cédait 0,2% à 112,1 dollars, quand à l'inverse le WTI américain de même livraison se reprenait de 0,4% à 101 dollars. Comme on le rappelle chez Pictet and Cie ce matin, "contre toute attente, les stocks américains de pétrole brut ont reculé de 15 000 barils la semaine dernière, atteignant 370,31 millions. Les analystes tablaient eux sur une hausse de l'ordre de 1 million de barils." Cependant, ce très léger recul maintient le niveau de ces stocks à des niveaux qui n'avaient plus été atteints depuis mai 2009. Mais le niveau des stocks d'essence, très suivi alors que la "driving season" va commencer, a moins augmenté que prévu (+115 000 à 205,94 millions de barils). Un signe a priori plus positif pour la demande. On ne peut cependant ignorer l'appel que l'Agence internationale de l'Energie a lancé ce matin : "malgré une correction de l'ordre de 10% depuis le 5 mai dernier, les prix du pétrole restent à des niveaux élevés", a déploré le conseil de direction de l'institution, qui s'en déclare "gravement préoccupé". "A ce stade, de nouvelles hausses de prix ne sont ni dans l'intérêt des producteurs, ni des consommateurs de pétrole", clame l'AIE. Il apparaît "urgent" qu'un dialogue renforcé entre les deux parties soit mis en place afin de trouver des solutions de court et de long terme. L'Agence appelle donc, en clair dans le texte et dans l'intérêt de tous, à une hausse de la production d'or noir.