Mohammed El Baradei, l'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a été désigné par l'opposition pour préparer la transition politique en Egypte. De leur côté, les Frères musulmans, parti du président Mohamed Morsi, ont appelé leurs partisans à descendre dans la rue en cas de putsch militaire. Le "Front du 30 juin", qui rassemble les plus importants partis et mouvements hostiles au président Morsi, a déclaré dans un communiqué que M. El Baradei serait sa "voix". Le Front "confie à M. El Baradei la responsabilité d'assurer l'exécution des revendications du peuple et de préparer un scénario visant à réaliser la feuille de route (de l'opposition) pour une transition politique", indique le texte. Le mouvement Tamarrod (rébellion en arabe), à l'origine des manifestations de ces derniers jours, et d'autres groupes issus de la société civile égyptienne ainsi que des partis politiques laïcs comme celui de M. El Baradei, al-Dostour, en font partie. Prix Nobel de la paix 2005 pour son travail au sein de l'AIEA, M. El Baradei était revenu en Egypte en 2010 pour s'opposer au régime d'Hosni Moubarak. Il avait ensuite soutenu le soulèvement contre l'ex-raïs, puis s'était positionné comme une des figures de proue de la mouvance laïque et libérale, la même qui réclame aujourd'hui le départ de M. Morsi et l'organisation d'une présidentielle anticipée. Le spectre de 1952 Le Parti pour la liberté et la justice (PLJ), l'aile politique des Frères musulmans, a demandé dans la journée à ses partisans à descendre dans la rue en cas de tentative de coup d'Etat militaire, comparant la situation actuelle à la prise de pouvoir par le colonel Nasser en 1952. L'armée, elle, a campé sur ses positions, l'état-major ayant donné lundi 48 heures aux partis politiques pour s'entendre sur un partage du pouvoir, faute de quoi elle présentera sa propre feuille de route. Lâché par son porte-parole Après un premier entretien lundi, le président Morsi a à nouveau rencontré le chef d'état-major, le général Abdel Fattah al-Sissi, en présence du Premier ministre Hicham Kandil. Mais rien n'a filtré des entretiens. Plus les heures passaient, plus le président Morsi apparaissait isolé, lâché par cinq ministres et son propre porte-parole. L'opposition a salué cet ultimatum, y voyant un appui de poids dans sa volonté de pousser vers la sortie M. Morsi, accusé de vouloir instaurer un régime autoritaire au profit du mouvement des Frères musulmans, la formation dont il est issu. Les partisans du chef de l'Etat insistent quant à eux sur la légitimité du premier président démocratiquement élu de l'histoire du pays. Morsi appelle l'armée à retirer son ultimatum et réaffirme sa légitimité Le président égyptien Mohamed Morsi a réaffirmé sa légitimité constitutionnelle, et appelé l'armée à retirer l'ultimatum qu'elle lui a posé en lui demandant de satisfaire les demandes du peuple, qui manifeste en réclamant son départ, avant, hier soir. Le président Mohamed Morsi réaffirme sa légitimité constitutionnelle, refuse toute tentative de passer outre, appelle les forces armées à retirer leur avertissement et refuse tout diktat qu'il vienne d'Egypte ou de l'étranger, a-t-il écrit sur son compte Twitter officiel. 16 morts Seize personnes ont été tuées dans la nuit d'hier lorsque des hommes non identifiés ont attaqué un rassemblement de partisans du président égyptien Mohamed Morsi au Caire, a annoncé le ministère de la Santé. Seize personnes ont été tuées et 200 blessées dans une attaque contre une manifestation de soutien au président Morsi aux abords de l'université du Caire, a rapporté la télévision officielle, citant le ministère. Ailleurs au Caire, sept personnes ont été tuées mardi lors de heurts entre partisans et opposants du président islamiste dans le quartier de Guizeh (sud) qui ont également fait des dizaines de blessés, dont plusieurs grièvement touchés par des tirs, ont rapporté des sources médicales. Au total, 47 personnes, dont un Américain, ont trouvé la mort dans des violences en marge des manifestations qui secouent le pays depuis une semaine. Moscou appelle à la retenue La situation tendue qui règne en Egypte doit être réglée dans le cadre du droit et sans recours à la violence, selon un communiqué de la diplomatie russe. Le représentant spécial du président russe pour le Proche-Orient et vice-ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov a rencontré mardi le ministre égyptien de la Planification et de la Coopération internationale Amr Darrag, en visite à Moscou pour participer au Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG). "Au cours de la conversation, on a passé en revue les relations russo-égyptiennes. Un échange de vues concernant l'évolution de la situation en Egypte a également eu lieu, en mettant l'accent sur une stabilisation basée sur une entente nationale, le refus de toute violence et la résolution des problèmes dans le cadre du droit", stipule le document.