La banque italienne UniCredit, engagée dans une vaste révision stratégique, va réduire ses effectifs de 14'000 équivalents temps plein d'ici à 2019. Elle va également prochainement lancer une augmentation de capital de 13 milliards d'euros (13,8 milliards de francs). Ces annonces surviennent alors que le secteur bancaire italien suscite depuis de nombreux mois l'inquiétude des investisseurs, en particulier la BMPS, elle-même engagée dans une recapitalisation sur le marché semée d'embuches. Les banques italiennes ont vu leur situation encore compliquée par l'instabilité politique générée par le non massif au référendum constitutionnel du 4 décembre, qui a provoqué la chute du chef du gouvernement Matteo Renzi. L'objectif d'UniCredit, qui rencontre mardi à Londres les analystes, est d'atteindre un bénéfice net de 4,7 milliards d'euros fin 2019 avec un ratio de fonds propres durs (dit "CET1 fully-loaded") au-dessus de 12,5%. Cet indice, très suivi car il mesure la capacité d'une banque à faire face à une crise, s'élevait fin septembre à 10,82%.
Suppression de postes La suppression de 14'000 postes équivalents temps plein va lui permettre de réduire ses coûts de personnel d'1,1 milliard d'euros. Ceci représente 6500 suppressions nettes d'emplois supplémentaires par rapport à ce que la banque prévoyait jusqu'ici. Fin septembre, le groupe comptait 123'000 employés, avec près de 6600 agences. 944 vont être fermées en Europe de l'Ouest d'ici à 2019. A la Bourse de Milan, les investisseurs saluaient ces annonces, le titre gagnant 8% vers 14h00. Sous l'égide de son nouveau patron, le Français Jean-Pierre Mustier, UniCredit est engagée depuis juillet dans une vaste révision stratégique. Même M. Mustier a décidé de participer à la cure, avec une réduction de son salaire fixe de 40%, à 1,2 million d'euros. La banque a expliqué que son nouveau plan, "Transform 2019", visait à "renforcer et optimiser sa position en capital, réduire le profil de risque de son bilan et améliorer sa profitabilité". UniCredit, premier établissement financier italien en termes d'actifs, figurait parmi les banques les moins performantes lors de tests de résistance publiés fin juillet par l'Autorité bancaire européenne (EBA). Dans le cas d'un scénario économique défavorable d'ici à 2018, son ratio CET1 chutait à 7,1%.
Filiale vendue La banque a depuis cédé 30% de sa filiale de courtage en ligne FinecoBank, la majeure partie de sa participation dans la banque polonaise Pekao, de même que ses activités de traitement des transactions par cartes de crédit en Italie, en Allemagne et en Autriche. Et lundi, elle a annoncé la vente de sa filiale de gestion d'actifs Pioneer Investments. UniCredit, la seule banque systémique italienne, a précisé mardi qu'elle allait se débarrasser de 17,7 milliards d'euros de créances douteuses, ces prêts risquant de ne jamais être remboursés. Les créances douteuses sont un des sujets de préoccupation autour des banques italiennes, qui en comptent 360 milliards d'euros, soit un tiers de la zone euro. L'objectif de "Transform 2019" est de faire d'UniCredit "une des banques les plus attrayantes d'Europe", a souligné M. Mustier.
"Manoeuvre positive" Les analystes de Jefferies ont salué le plan comme "une manoeuvre agressive positive", et Deutsche Bank comme "un bon compromis". ING pronostique de son côté une perte massive au 4e trimestre en raison de la cession des créances douteuses, tout en saluant les bienfaits de l'opération. Les actionnaires d'UniCredit, dont le titre a chuté de plus de 50% depuis début 2016, sont convoqués le 12 janvier pour approuver l'augmentation de capital. Celle-ci sera la quatrième depuis 2008, rappelle Michael Hewson, de CMC Markets, en estimant que l'opération n'est "pas sans risque" pour les investisseurs "étant donné la forte incertitude sur la façon dont les problèmes plus larges du secteur bancaire italien seront résolus".
Un rapport interne de BP évoque des carences de sécurité Londres - Le géant britannique de l'énergie BP montre de sérieuses carences dans la gestion de la sécurité de ses raffineries et exploitations pétrolières, selon un rapport interne dévoilé mardi, près de sept ans après la marée noire du Golfe du Mexique. Ce rapport, écrit par BP lui-même et révélé par Greenpeace, montre que le groupe ne tient pas assez compte d'informations importantes et des incidents qui se produisent sur ses différents sites à travers le monde. Ces insuffisances ont failli conduire à deux accidents mortels, sans compter qu'elles coûtent à la société 180 millions de dollars chaque année, selon un communiqué de l'ONG. L'enquête a été réalisée en août 2015 à partir d'entretiens auprès de 150 personnes sur 9 sites. Sur les 500 derniers incidents recensés, 75 ont été directement liés à une mauvaise information. La liste des erreurs est longue, allant de l'absence de consignes à des appareils anti-explosion mal installés, le rapport évoquant des incidents évités de justesse à répétition et au moins un événement sérieux dans une importante raffinerie de pétrole aux Etats-Unis. La capacité à anticiper les problèmes est si faible au sein du groupe qu'il existe un vrai risque de fuites ou d'explosions, ce qui nécessite une attention urgente. BP fait en outre pâle figure pour ce qui est du traitement de l'information, faisant moins bien que ses principaux concurrents dont l'anglo-néerlandais Royal Dutch Shell. Presque sept ans ont passé depuis la catastrophe de Deepwater Horizon et BP n'a pas changé dans son approche légère des aspects de sécurité, dénonce Charlie Kronick, un responsable britannique de Greenpeace, cité dans le communiqué. Ces informations sont mises à jour au moment où BP tente de se relever après des années difficiles depuis la catastrophique marée noire dans le Golfe du Mexique en 2010 qui a occasionné un coût chiffré à plus de 60 milliards de dollars pour le groupe. Sa meilleure santé financière s'est traduite par une nette amélioration de son bénéfice net au troisième trimestre de 2016 et par l'annonce début décembre du lancement d'un nouvel investissement massif dans un projet de plateforme pétrolière dans le Golfe du Mexique. Dans un communiqué transmis, BP se défend en estimant qu'il est engagé dans des opérations sûres, fiables et conformes. Ce rapport porte sur les améliorations dans la manière dont BP gère le traitement de données, écrit BP, indiquant que ce n'est pas une analyse d'incidents opérationnels, et il est faux de suggérer que ce rapport montre que BP ne respecte pas ses engagements en termes de sécurité.