Les prix des matières premières poursuivent une course effrénée vers les sommets. Au-delà des matières première agricoles, les métaux de base voyaient leurs cours se maintenir la semaine dernière à des niveaux historiques, après avoir multiplié records et nouveaux plus haut, l'étain dépassant 19.000 dollars la tonne et l'aluminium et le cuivre bondissant au-dessus de leurs plus hauts de la semaine précédente. L'étain a inscrit un nouveau record historique après son pic à 18 900 dollars jeudi dernier: il a touché lundi 19 050 dollars la tonne, un plus haut depuis la réintroduction en 1989 de ce métal sur le London Metal Exchange (LME). Il cotait au-dessus de 18 900 dollars la tonne mardi. Sur un an, son cours a progressé de plus de 30%. Les problèmes d'offre en Indonésie, touchée par de fortes intempéries les semaines précédentes, ont poussé les prix de l'étain à la hausse. Par ailleurs, le Congo aurait annoncé, mardi dernier, selon des analystes, l'arrêt des activités minières dans la province riche en minerai de Walikale. Pour sa part, l'aluminium a dépassé les 3.160 dollars le vendredi dernier et poussé lundi jusqu'à 3.186 dollars, un nouveau plus haut le rapprochant de son record historique de mai 2006 où le métal avait atteint 3.310 dollars la tonne. Il s'échangeait mardi à plus de 3100 dollars la tonne. Depuis la mi février, les cours de l'aluminium ont pris plus de 500 dollars, soit un bond spectaculaire de 20%. La hausse des cours du métal blanc a été provoquée par une chute des stocks au LME, qui, se combinant à des déficits de production enregistrés ces dernières semaines, a aiguisé l'appétit des acheteurs. Dans la foulée, le cuivre avait atteint un nouveau plus haut lundi à 8.861 dollars la tonne, éclipsant son record de jeudi dernier à 8570 dollars, un niveau auquel il se tenait mardi. "La chute des stocks de cuivre est faussée, en partie, pour augmenter les prix, par le retrait du métal des entrepôts qui est alors stocké en secret", a rapporté David Thurtell de BNP Paribas. Les tensions dans les pays producteurs sont également en cause dans l'envol des métaux de base : des ouvriers zambiens en grève ont enfermé mardi matin dans leurs bureaux des Chinois, membres de la direction d'un haut-fourneau en construction près de la ville de Chambesi, dans la région des mines de cuivre, a annoncé un porte-parole de la compagnie. Lundi, près de 500 ouvriers se sont mis en grève pour obtenir des augmentations de salaires et de meilleures conditions de sécurité. En 2005, 50 mineurs avaient été tués dans une explosion dans l'une des mines de Chambeshi. La production continue d'être paralysée en Afrique du Sud par les pénuries d'électricité, tandis qu'en Chine elle a souffert des tempêtes qui se sont abattues sur une grande moitié sud de la Chine fin janvier. Le complexe des métaux de base profite enfin d'un afflux d'argent spéculatif, comme l'ensemble des matières premières en ce moment, ainsi que d'une nouvelle glissade du dollar face à l'euro. Lundi, le billet vert est tombé jusqu'à 1,5274 dollar pour un euro, sa valeur la plus basse face à l'euro depuis le lancement de la monnaie unique. Or, la faiblesse du billet vert stimule la demande de matières premières libellées en dollars, comme les métaux.