Du hidjab et de sa position dans les pays musulmans et non musulmans sous les temps de la globalisation l'ex mufti de Marseille, Soheib Bencheikh nous fait part de ses convictions. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Soheib Bencheikh est un intellectuel et théologien musulman. Il s'est engagé depuis de longues années à un combat acharné contre les fondamentalistes. Ce penseur a exercé les fonctions de mufti à la grande mosquée de Marseille. Il est membre du Conseil français du culte musulman. Il est actuellement directeur de l'Institut national des sciences islamiques. Le Midi Libre : Le hidjab n'était pas connu en Algérie avant les années 70. Aujourd'hui, les femmes qui le portent en Algérie sont majoritaires par rapport à celles qui ne le portent pas. Quelle est votre analyse par rapport à cet engouement ? Soheib Bencheikh : Le mot hidjab est impropre pour désigner le foulard qui couvre et la tête, et le haut de la poitrine. Le Coran parle de khimâr. Porté par la femme arabe non esclave, bien avant l'islam ; et le Coran n'a recommandé que le fait de le rabattre sur le haut de la poitrine pour signifier la pudeur. Quant au mot hidjab, utilisé également par le Coran, il désigne le «rideau» ou le mot d'action du verbe hajaba (occulter). Le hidjab est selon le Coran un rideau occultant l'interlocuteur applicable aux épouses du Prophète, les Mères des Croyants. Cette pudeur recommandée par le Coran, doublée d'une prescription attribuée au Prophète (Hadîth désignant tout le corps de la femme comme partie intime à cacher, excepté le visage et les mains jusqu'au poignet ) et le tout accentué par les mœurs patriarcales ont fait que la femme musulmane s'est toujours voilée depuis le deuxième siècle de l'Hégire et jusqu'à nos jours. A chaque région, son costume et à chaque contrée, la couleur de ses habits.Avec la nahda (la renaissance musulmane du début du XXe siècle de l'ère chrétienne), la quasi-totalité des métropoles musulmanes ont compris de la prescription islamique, l'invitation à la pudeur et à la droiture plus que tout autre chose en laissant tomber le voile de la femme en faveur de sa scolarité et sa vie active dans la société. J'ai plus de respect pour le hayek algérois ou pour la m'lya constantinoise au nom de ma fidélité à la tradition que pour cette forme étrangère et envahissante que ledit hidjab ou niqab qui s'apparente plus à des uniformes portés par les militantes d'une idéologie. Ma crispation devant cet uniforme se comprend mieux si celui-ci est en voisinage avec l'habit des militants : qamis excessivement court et barbe exagérément fournie. L'Algérie n'est pas le seul pays victime de cette idéologie rampante. Elle est importée d'ailleurs, du Proche Orient, où elle a fait déjà des ravages esthétiques et dogmatiques. Je n'accuse nullement la majorité des femmes qui portent le «hidjab». Elles sont plutôt victimes d'un ordre social qui s'est imposé par un regard inquisiteur si ce n'est par la terreur. Le hidjab est un obstacle pour l'épanouissement de la femme dans les sociétés européennes. Qu'en est-il dans la société algérienne ? Le voile de la femme empêche une scolarité normale de la fille et bloque tout horizon d'une ascension professionnelle future dans tous les pays où l'islam est minoritaire et souvent, n'a pas bonne presse. Il est évident que dans les pays musulmans, la femme voilée connaît largement moins d'obstacle. Mais dans un monde qui se mélange, où tout le monde vit et vivra plus avec tout le monde, la situation en pays musulman sera identique à celle des pays non musulmans. Existe-t-il une incohérence entre le port du hidjab et la modernité ? Il me semble que j'ai déjà répondu à cette question mais je veux rajouter qu'il faut absolument déculpabiliser les femmes ne portant pas ce voile-là. Une femme pleine de pudeur et de droiture est largement musulmane, voire plus engagée dans sa foi même si elle ne se voile pas. Existe-t-il un texte dans le Coran faisant de la femme qui ne porte pas le hidjab une «kafira» comme le prétendent certains imams ? Non. Il y a dans le Coran, par contre, que nul ne peut juger la foi de l'autre et personne ne prétend à la prêtrise ou à la médiation entre Dieu et l'Humain. Celui qui condamne les consciences et juge les comportements sociaux, se met sans le savoir ni le vouloir à la place du Seul juge, Dieu, attitude fortement condamnée par les textes fondateurs de notre religion. Existe-t-il un texte qui fait du port du hidjab un acte irréversible ? (Si on le porte on ne peut plus l'enlever) C'est une «talmudisation» de l'islam et un «tatillonnage futile» incompatible avec les largesses qu'offrent le sens et la lettre du Coran. Il ne s'agit nullement d'un pilier de l'islam ni d'un fondement ( rukn) de la foi islamique. Quel est le conseil que donnerait Soheib Bencheikh à la musulmane algérienne concernant le hidjab ? Ma fille, ma sœur, ton véritable hidjab si tu veux plaire à Dieu, c'est ton instruction, ta soif de connaissances qui t'amènent à donner encore plus à l'humanité au nom de ta conviction. Du hidjab et de sa position dans les pays musulmans et non musulmans sous les temps de la globalisation l'ex mufti de Marseille, Soheib Bencheikh nous fait part de ses convictions. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Soheib Bencheikh est un intellectuel et théologien musulman. Il s'est engagé depuis de longues années à un combat acharné contre les fondamentalistes. Ce penseur a exercé les fonctions de mufti à la grande mosquée de Marseille. Il est membre du Conseil français du culte musulman. Il est actuellement directeur de l'Institut national des sciences islamiques. Le Midi Libre : Le hidjab n'était pas connu en Algérie avant les années 70. Aujourd'hui, les femmes qui le portent en Algérie sont majoritaires par rapport à celles qui ne le portent pas. Quelle est votre analyse par rapport à cet engouement ? Soheib Bencheikh : Le mot hidjab est impropre pour désigner le foulard qui couvre et la tête, et le haut de la poitrine. Le Coran parle de khimâr. Porté par la femme arabe non esclave, bien avant l'islam ; et le Coran n'a recommandé que le fait de le rabattre sur le haut de la poitrine pour signifier la pudeur. Quant au mot hidjab, utilisé également par le Coran, il désigne le «rideau» ou le mot d'action du verbe hajaba (occulter). Le hidjab est selon le Coran un rideau occultant l'interlocuteur applicable aux épouses du Prophète, les Mères des Croyants. Cette pudeur recommandée par le Coran, doublée d'une prescription attribuée au Prophète (Hadîth désignant tout le corps de la femme comme partie intime à cacher, excepté le visage et les mains jusqu'au poignet ) et le tout accentué par les mœurs patriarcales ont fait que la femme musulmane s'est toujours voilée depuis le deuxième siècle de l'Hégire et jusqu'à nos jours. A chaque région, son costume et à chaque contrée, la couleur de ses habits.Avec la nahda (la renaissance musulmane du début du XXe siècle de l'ère chrétienne), la quasi-totalité des métropoles musulmanes ont compris de la prescription islamique, l'invitation à la pudeur et à la droiture plus que tout autre chose en laissant tomber le voile de la femme en faveur de sa scolarité et sa vie active dans la société. J'ai plus de respect pour le hayek algérois ou pour la m'lya constantinoise au nom de ma fidélité à la tradition que pour cette forme étrangère et envahissante que ledit hidjab ou niqab qui s'apparente plus à des uniformes portés par les militantes d'une idéologie. Ma crispation devant cet uniforme se comprend mieux si celui-ci est en voisinage avec l'habit des militants : qamis excessivement court et barbe exagérément fournie. L'Algérie n'est pas le seul pays victime de cette idéologie rampante. Elle est importée d'ailleurs, du Proche Orient, où elle a fait déjà des ravages esthétiques et dogmatiques. Je n'accuse nullement la majorité des femmes qui portent le «hidjab». Elles sont plutôt victimes d'un ordre social qui s'est imposé par un regard inquisiteur si ce n'est par la terreur. Le hidjab est un obstacle pour l'épanouissement de la femme dans les sociétés européennes. Qu'en est-il dans la société algérienne ? Le voile de la femme empêche une scolarité normale de la fille et bloque tout horizon d'une ascension professionnelle future dans tous les pays où l'islam est minoritaire et souvent, n'a pas bonne presse. Il est évident que dans les pays musulmans, la femme voilée connaît largement moins d'obstacle. Mais dans un monde qui se mélange, où tout le monde vit et vivra plus avec tout le monde, la situation en pays musulman sera identique à celle des pays non musulmans. Existe-t-il une incohérence entre le port du hidjab et la modernité ? Il me semble que j'ai déjà répondu à cette question mais je veux rajouter qu'il faut absolument déculpabiliser les femmes ne portant pas ce voile-là. Une femme pleine de pudeur et de droiture est largement musulmane, voire plus engagée dans sa foi même si elle ne se voile pas. Existe-t-il un texte dans le Coran faisant de la femme qui ne porte pas le hidjab une «kafira» comme le prétendent certains imams ? Non. Il y a dans le Coran, par contre, que nul ne peut juger la foi de l'autre et personne ne prétend à la prêtrise ou à la médiation entre Dieu et l'Humain. Celui qui condamne les consciences et juge les comportements sociaux, se met sans le savoir ni le vouloir à la place du Seul juge, Dieu, attitude fortement condamnée par les textes fondateurs de notre religion. Existe-t-il un texte qui fait du port du hidjab un acte irréversible ? (Si on le porte on ne peut plus l'enlever) C'est une «talmudisation» de l'islam et un «tatillonnage futile» incompatible avec les largesses qu'offrent le sens et la lettre du Coran. Il ne s'agit nullement d'un pilier de l'islam ni d'un fondement ( rukn) de la foi islamique. Quel est le conseil que donnerait Soheib Bencheikh à la musulmane algérienne concernant le hidjab ? Ma fille, ma sœur, ton véritable hidjab si tu veux plaire à Dieu, c'est ton instruction, ta soif de connaissances qui t'amènent à donner encore plus à l'humanité au nom de ta conviction.