Dans une conférence organisée hier au Petit théâtre de la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, à l'occasion de la célébration du 45e anniversaire de la création du FFS, le premier secrétaire national du parti, Karim Tabou, a dressé un tableau noir de la situation que traverse le pays, sur les plans politique, social et économique. Une situation analysée sous le prisme de faits et d'événements ayant marqué l'histoire de la Révolution du 1er Novembre ainsi que les 45 années d'indépendance de l'Algérie. Le premier secrétaire national du FFS a estimé que la société algérienne a été, dès les premières années de l'indépendance, gérée par la violence, estimant qu'à chaque fois qu'il y a une dynamique populaire pour le changement, il y a un basculement vers la violence. «Au lieu d'établir des rapports politiques avec la population, le pouvoir a institué une mécanique de violence par l'usage de la répression et de la liquidation physique des personnalités gênantes et des opposants», dira Karim Tabou qui a illustré ses propos par de nombreux faits puisés dans l'histoire dont, entre autres, la prise du pouvoir par la violence par l'armée des frontières et les événements de l'été 1962 qui s'en suivront ainsi que la répression qui s'est abattue à plusieurs reprises sur la Kabylie. Le même scénario a été réédité à la suite des événements d'Octobre 1988. Tout a été mis en place pour que le pays bascule dans la violence, selon Karim Tabou, pour qui l'objectif consiste «à détourner le rêve d'ouverture démocratique des Algériens». Une démarche qui vise aussi à maintenir les équilibres et le système en place, analysera le responsable du parti d'Aït-Ahmed, qui place les rendez-vous électoraux, notamment les élections présidentielles organisées depuis, dans cette même logique «de scénarios, de maquillage et de manipulation politique» instaurée par le pouvoir qui entend durer et succéder éternellement à luimême. Estimant que l'initiative politique lancée par le trio Aït-Ahmed, Mehri et Hamrouche est la seule qui permettra de réengager le pays dans une véritable perspective politique pluraliste, Karim Tabou usera de beaucoup de sarcasmes à propos de l'agitation politique actuelle qui prélude à la prochaine élection présidentielle. Election qui ne va pas déroger à la règle, selon l'orateur, qui se dit convaincu que le pays va droit vers une situation explosive, qui accuse le pouvoir d'avoir adopté une politique qui ne favorise pas l'émergence d'une société civile et de partis politiques forts et crédibles. «L'Etat encourage la création de faux partis politiques et de fausses associations», tonnera Tabou qui s'est livré à une attaque en règle contre les auteurs de l'appel à la sauvegarde du FFS, qui sont, selon lui, l'instrument du pouvoir qui veut évacuer le FFS de la scène politique. S. A. M.