La Bibliothèque nationale d'El-Hama a abrité dimanche la première édition de la Conférence internationale sur Miguel Cervantès, organisée par l'ambassade d'Espagne et l'Institut Cervantès en collaboration avec le ministère de la Culture. La ville d'Alger garde jusqu'à ce jour les traces du passage de l'écrivain espagnol le plus célèbre. Dans le quartier qui porte son nom du côté de Belouizdad, on peut toujours visiter la grotte où il s'est réfugié lors de sa deuxième tentative d'évasion. Cette captivité de cinq ans à l'époque de la régence turque laissa ses empreintes aussi bien sur l'histoire de la ville que dans l'œuvre de l'écrivain. A cela s'ajoute une œuvre phénomène dont le roman Don Quichotte est considéré comme l'une des créations littéraires les plus accomplies de l'Histoire. Cervantès est donc un sujet d'étude et de débat passionnant qui rend régulièrement visite à Alger où l'Institut qui porte son nom organise d'innombrables rencontres autour de ses textes. La dernière en date est cette Conférence internationale dont la première édition s'est tenue dimanche à la BNA avec la participation de trois hispanistes spécialisés dans la vie et l'œuvre de l'écrivain : le chercheur universitaire japonais Norio Shimizu, le professeur algérien Chafik Benafri et le traducteur Mohamed Salah. Un dialogue s'engage alors entre les conférenciers autour de cette période algéroise dont on retrouvera les traces sur l'ensemble des écrits de Cervantès. Norio Shimizu évoquera justement le versant algérois de ses écrits, à travers notamment l'exposé de ses récits sur sa période de captivité. Deux chapitres du premier volet de «Don Quichotte» y seront consacrés : «Les bagnes d'Alger» et «Le récit du captif» où l'écrivain livre une description détaille de ses cinq ans d'emprisonnement, notamment la manière dont les dignitaires ottomans traitaient leurs esclaves, ainsi que ses quatre tentatives d'évasion. Pour sa part, Chafik Benafri offre une description historique de la ville d'Alger à l'époque où Miguel Cervantès y a séjourné. Entre 1575 et 1580, la ville n'était que récemment entrée sous la régence turque et ce fut justement la période la plus significative du règne des corsaires et des janissaires. C'est d'ailleurs l'un d'eux, Arnaute Mami, qui captura le navire venant de Naples à bord duquel était Cervantès déjà amoindri par sa blessure lors de la bataille de Lépante. Alger était alors le port le plus important de la Méditerranée du point de vue de l'activité pirate. La réputation souvent épouvantable entretenue par les chrétiens sur les agissements des faussaires et des dignitaires ottomans faisait de cette ville le pire endroit au monde pour un captif ou un esclave étranger. Or, Miguel Cervantès semble y avoir été bien traité du fait de son rang important et de son statut de prisonnier d'échange. A noter que cette Conférence internationale sur l'auteur de Don Quichotte sera reconduite chaque année à la Bibliothèque nationale d'El-Hama. Les organisateurs promettent la participation d'éminents spécialistes et un programme de conférences à la hauteur de la richesse et du caractère exceptionnel de l'œuvre et de la vie de Cervantès. Sarah H.