Un militaire candidat à une élection présidentielle ? C'est inédit. Alors chacun dans son petit coin s'interroge sur cette candidature d'Ali Ghediri, général à la retraite, dont on ne sait encore rien sinon cette interpellation publique du chef d'état-major de l'armée, le général Gaïd Salah, concernant le 5e mandat, interpellation qui lui avait attiré un sévère rappel à l'ordre du ministère de la Défense. Ou encore, cette lettre ouverte adressée le 25 décembre dernier au chef de l'Etat le mettant en garde contre ceux qui utilisent son nom pour leurs propres intérêts. Autrement, on ne sait ni où il est né ni quand, quel a été son parcours, pourquoi il a quitté ses fonctions à l'âge de 60 ans alors que d'autres, plus âgés, sont encore en poste. Et surtout si on le laissera se présenter et aller jusqu'au bout de son aventure. Seule certitude : à la différence de Liamine Zeroual, général à la retraite, candidat de l'armée en 1995 qui avait pour tâche d'en finir avec le terrorisme islamiste, Ali Ghediri, qui part au front électoral sans avoir sollicité l'aval de l'institution militaire, déclare se fixer pour objectif dans «le cadre d'un projet novateur», «une deuxième République», une «rupture sans reniement» avec le système actuel, et promet «une Algérie réellement démocratique, fière, prospère et moderne. Elle le sera. Tel est notre pari», assure-t-il. Question : supposons que rien ne vienne entraver sa candidature – ce qui est de l'ordre du possible – Ali Ghediri ne sera-t-il pas ce super-lièvre dont ont besoin les tenants du système et du statu quo pour crédibiliser l'élection présidentielle et faire élire leur propre candidat ? Car, par rapport à Ali Benflis qui se présente pour la troisième fois à l'élection présidentielle, à Abderrezak Makri et Abdallah Djaballah – ce sera le deuxième essai – qui sont des têtes connues des Algériens, la candidature de l'ex-général à la retraite a l'avantage de la nouveauté et pourrait peut-être faire bouger les choses et susciter un regain d'intérêt de la part de l'opinion algérienne. Des élections à propos desquelles l'ex-chef de gouvernement Mouloud Hamrouche, qui sait de quoi il parle, même s'il aurait dû en faire part bien avant, affirme qu'«elles ne donnent ni légitimité, ni pouvoir aux élus (…) y compris au président de la République», arguant de plus, que «les mécanismes de fonctionnement du système empêchent l'exercice du pouvoir». Alors que faire ? Il y a une inconnue et une incertitude. L'inconnue : ce n'est pas un 5e mandat qui pose problème mais l'état de santé du Président Bouteflika. Briguera-t-il malgré tout ce 5e mandat auquel appellent avec insistance le RND de Ahmed Ouyahia, le syndicat UGTA, le parti TAJ de l'islamiste Amar Ghoul, alors que leur allié Amara Benyounès (MPA) met en garde contre ceux qui veulent lui forcer la main pour qu'il se représente ? En outre, d'aucuns affirment que la candidature du chef de l'Etat (dixit Abderrezak Makri) fait problème et diviserait le pouvoir entre ceux qui veulent le voir briguer un 5e mandat et ceux qui veulent désigner un candidat issu du système pour lui succéder. Qui est l'heureux postulant ? Abderrezak Makri ne le dit pas. L'incertitude : savoir ce que pensent réellement les Algériens de tout cela par ces temps de crise socio-financière, d'insatisfaction sociale et de menaces extérieures où, à défaut d'une vraie relance économique, tous les regards sont braqués sur le prix du baril de pétrole. H. Z.