Il était un peu moins de 14h quand la place des Martyrs est soudainement prise d'assaut par des centaines de manifestants de tous les âges, qui un drapeau en bandoulière, qui des pancartes en main sur lesquelles sont transcrits les mots d'ordre, désormais, consacrés de la manifestation anti-5e mandat pour le président de la République enclenchée vendredi dernier. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Et la compacte foule qui grossissait et qui entonnait déjà de nombreux slogans comme «Bouteflika, le Marocain, pas de cinquième mandat», «Ya Ouyahia, l'Algérie n'est pas la Syrie», «Pouvoir assassin», «Algérie, libre et démocratique», «L'Algérie est une république, pas un royaume», était, cependant, tenue en respect par un impressionnant cordon bleu, juste à l'entame de la rue Bab-Azzoun. Et l'on craignait quelque peu surtout que les hommes à l'uniforme bleu donnaient l'impression de vouloir en découdre avec les manifestants. Pour preuve, leur usage abusif des gaz lacrymogènes, mais ce n'était pas suffisant pour calmer l'ardeur des manifestants dont les rangs ne cessaient de grossir, au moment où d'autres empruntaient d'autres ruelles pour contourner la barricade bleue. Au bout d'une trentaine de minutes, ils réussissent à franchir la digue bleue avant de se heurter, au bout de la rue Bab-Azzoun, à hauteur du cercle des Moudjahidine, à une autre digue bleue. Mais ce n'était que pour une vingtaine de minutes avant que les agents de l'ordre ne cèdent le passage aux manifestants qui allaient, se retrouver, au bout de la rue Ali-Boumendjel, à un double cordon sécuritaire avec les camions et autres engins des forces antiémeutes, qui barraient la route. Les échanges de tirs de gaz lacrymogènes par-ci, et de slogans par-là, a fini par faire briser, encore une fois, cette digue, à la grande joie des nombreux manifestants qui laissaient, alors, libre cours à leur liesse, reprenant en chœur, leurs slogans. Il faut relever un fait qui a plus que stimulé les manifestants dont on relève la présence en force, de la gent féminine, qu'elle soit vieille ou jeune ; la solidarité des habitants des alentours qui, à partir de leurs balcons, lançaient des youyous, mais assistaient également les manifestants en leur balançant des bouteilles d'eau et du vinaigre, efficace pour atténuer l'effet des gaz lacrymogènes. Et cette procession humaine allait «se connecter» avec d'autres marées humaines venant d'autres localités de la capitale. C'était vers 15h, à hauteur de la Grande-Poste qui était noire de monde. Commentaire d'une jeune fille, accompagnée de sa vieille mère : «Pour leur grand nombre, les manifestants vivent, aujourd'hui, leur 5 Juillet qu'ils n'ont pas vécu», dit-elle. Et le «peuple d'Alger» prenait alors la direction de l'autre place symbolique de la capitale, la place Audin. Et ce geste, en fait, un autre geste qui témoigne on ne peut plus amplement, le degré de civisme et de maturité des manifestants, ces derniers cessaient de crier à leur passage devant la clinique des brûlés, tout près du tunnel des Facultés. Une enceinte sanitaire dont deux pensionnaires, une jeune et une vieille, brandissaient fièrement respectivement le drapeau national et une grande pancarte où étaient transcrits les mots d'ordre de cette mouvance anti-5e mandat. M. K.