La formation scénaristique devra retrouver sa place comme «base du métier du cinéma» dans l'industrie cinématographique nationale, a préconisé, dimanche à Tizi-Ouzou, Ali Mouzaoui, réalisateur et metteur en scène. S'exprimant lors d'une conférence à l'occasion de la 17e édition du Festival culturel national du film amazigh (FCNFA), sous le thème «Cinquante ans d'écriture au service du septième art», Mouzaoui a estimé que le cinéma national souffre d'une «misère du texte cinématographique». «Le talon d'Achille de notre cinéma, amazigh en particulier et algérien en général, est l'absence de scénaristes. La plupart des scénarios de films sont le produit de l'urgence et de la nécessité», a-t-il déploré, soulignant, à ce propos, que «le cinéma doit exister et ne pas être subordonné à l'urgence». Une urgence qui contraint les scénaristes à «faire des films avec beaucoup de faiblesses et de manière artisanale» qui confine leur travail à n'être tout juste qu'une «production d'images» qui participe à la sauvegarde de la mémoire. Cette condition du cinéma national subit également, selon l'homme de cinéma, «une réalité démographique décroissante de la population des scénaristes et des autres métiers du cinéma à laquelle s'ajoute l'irruption du phénomène technologique qui accapare beaucoup plus l'attention au détriment de la formation artistique». Ceci explique «l'urgence d'aller vers la formation pour produire une relève», a-t-il renchéri. Indiquant, à ce propos, qu'il y a une palette de près de 200 emplois qui peuvent garantir du travail dans l'industrie cinématographique, Ali Mouzaoui a relevé que «plusieurs métiers du cinéma, acteurs, éclairagistes, artificiers, maquilleurs, enregistrent un manque criant aujourd'hui» illustrant cette réalité ; il a fait savoir qu'il y a, actuellement, «un seul artificier pour l'ensemble des productions cinématographiques nationales». S'agissant du cinéma amazigh, le cinéaste a considéré qu'il ne faudrait pas l'«enfermer dans la notion de la langue» qui, a-t-il expliqué, «tire son importance du combat identitaire qui a marqué notre société et qui a conduit à la consécration de la langue et de la culture amazighes comme référents officiels de l'Etat algérien», appelant les gens de cinéma à ne pas «focaliser sur la forme, mais à s'intéresser au contenu».