Ironie du sort, Karim Tabbou retrouve la prison de Koléa, une semaine après l'avoir quittée sur décision du juge du tribunal de Tipasa qui avait répondu favorablement à la demande de la défense de le mettre en liberté. Il a passé moins de 24 heures chez lui avant d'être arrêté de nouveau et placé sous mandat de dépôt à la prison d'El-Harrach. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le coordinateur de l'Union démocratique et sociale (UDS), Karim Tabbou, a été placé, hier mercredi, sous mandat de dépôt par le juge du tribunal de Sidi-M'hamed à Alger. Il a été transféré à la prison de Koléa, prison qu'il a quittée il y a tout juste une semaine. Il est poursuivi dans une autre affaire que celle pour laquelle il a déjà été arrêté une première fois, selon Me Aïssa Rahmoune. Cette nouvelle incarcération est liée à ces publications sur les réseaux sociaux et ses déclarations publiques. Selon le Comité national pour la libération des détenus, l'ancien premier secrétaire du FFS est mis sous mandat de dépôt pour «incitation à la violence et atteinte à l'unité nationale». «Karim Tabbou est un détenu politique et on espère dépasser ce télescopage entre le droit et le politique», a déclaré Aïssa Rahmoune, à l'extérieur du tribunal où se tenait un rassemblement de soutien aux détenus d'opinion. Arrêté une première fois devant son domicile le 11 septembre dernier, il a été placé en détention à la prison de Koléa, pour «atteinte au moral de l'armée». Deux semaines plus tard, soit le 25 septembre, il sera remis en liberté par le tribunal de Tipasa, suite à la demande de la défense qui avait soutenu que Tabbou présentait toutes les garanties de se mettre à la disposition de la justice. Mais sa liberté n'a duré que 12 heures. Au matin du 26 septembre, des agents en civil se présentent chez lui et l'embarquent. Ses avocats et sa famille sont restés sans aucune information sur le lieu où il était conduit ni pour quelles raisons. Il sera présenté dans la nuit de la même journée devant le tribunal de Sidi-M'hamed. Mais en l'absence des avocats, il n'a pas souhaité répondre aux questions du juge. Conduit à la prison d'El-Harrach, il a été présenté, hier, devant le même tribunal. A l'extérieur, des dizaines de citoyens, militants, hommes politiques et membres des familles des détenus portant les portraits de Karim Tabbou et d'autres manifestants emprisonnés ont tenu un rassemblement de soutien et de protestation contre l'incarcération des détenus d'opinion. Des responsables politiques, à l'image du président du RCD, Mohcine Belabbas, et du membre de l'instance présidentielle du FFS, Ali Laskri, ainsi que Ramtane Taâzibt, cadre du PT, ont tenu à participer au rassemblement. Le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) a, lui aussi, fait le déplacement au tribunal. Les présents ont scandé des slogans appelant à la libération des détenus injustement jetés en prison. Des mots d'ordre contre l'élection présidentielle ont également été lancés. K. A.