Jusqu'où ira le pouvoir dans sa campagne d'arrestations des militants et activistes politiques ? Selon plusieurs sources, plus d'une centaine de jeunes sont incarcérés pour leur implication dans le mouvement citoyen contre le système politique. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le président de l'association Rassemblement, action et jeunesse (RAJ), Abdelouahab Fersaoui, a été placé en détention provisoire à la prison d'El-Harrach par le juge d'instruction du tribunal de Sidi-M'hamed, sans la présence de ses avocats et sans que sa famille et ses amis soient informés. Arrêté jeudi dernier, à la fin d'un rassemblement de soutien aux détenus d'opinion, Fersaoui a disparu sans qu'aucune nouvelle sur le lieu de sa détention parvienne à ses proches. Il a fallu attendre hier samedi pour que des avocats annoncent son incarcération à la prison d'El-Harrach, où croupissent des dizaines de personnes impliquées dans la révolution citoyenne. « Le président de RAJ, Abdelouahab Fersaoui, a été placé sous mandat de dépôt par le tribunal de Sidi-M'hamed, hier soir (vendredi, ndlr), à la prison d'El-Harrach, après son kidnapping ,jeudi, devant le même tribunal », a affirmé le Comité national pour la libération des détenus dans un communiqué. Le vice-président de la Laddh, Saïd Salhi, a dénoncé une décision « en totale violation des droits et des procédures ». Le président de RAJ a été arrêté par des agents en civil, alors qu'il était en compagnie de Saïd Salhi et de deux autres activistes dont la comédienne Adila Bendimerad. Quelques jours avant son arrestation, des éléments de la Gendarmerie nationale s'étaient présentés à la mairie de sa résidence, dans la wilaya de Béjaïa, pour retirer son acte de naissance, avons-nous appris par son entourage. Aux amis qui lui demandaient de s'éloigner un peu du mouvement populaire pour éviter son arrestation, surtout que son association était la cible des services de sécurité, Abdelouahab Fersaoui a toujours répondu qu'il assumait son engagement et qu'il n'allait pas se cacher à la maison. Avec la détention de son président, l'association RAJ est presque décapitée. Huit de ses membres sont déjà en prison, poursuivis pour incitation à attroupement et atteinte à la sécurité de l'Etat. Ce qui est sûr, c'est que l'incarcération des militants de RAJ n'a, en rien, impacté la mobilisation des Algériens .En revanche, cette arrestation a mis en état d'alerte les organisations de la société civile. Les Dynamiques de la société civile, dont le RAJ fait partie, ont organisé, hier samedi, une réunion à Alger, durant laquelle a été examinée la situation politique du pays, à la lumière de la répression et des arrestations des militants. Les Dynamiques de la société civile ont condamné l'incarcération du président de RAJ, exigeant sa libération immédiate et inconditionnelle, ainsi que la libération de tous les détenus d'opinion. Cette coalition d'organisations associatives a regretté le climat de répression installé dans le pays. K. A.