Me Bourayou a décidé, hier, de rompre le silence au sujet du dossier Ali Ghediri, général à la retraite et prétendant à la candidature pour la présidentielle du 18 avril dernier actuellement incarcéré. Ses déclarations se veulent être non pas «des révélations», mais une «manière de rétablir la vérité et porter la voix d'une personne injustement emprisonnée». Abla Chérif - Alger (Le Soir) - L'avocat a donc décidé de s'adresser à la presse, prendre l'opinion à témoin, sur le cas d'une personnalité «placée sous mandat de dépôt et poursuivie pour des faits qui n'existent pas». «Ce qui s'est passé est dramatique», poursuit Me Bourayou. «Ali Ghediri, dit-il, a été emprisonné sous prétexte qu'il avait reçu un coup de téléphone d'une personne malhonnête, un faussaire qui avait falsifié ses papiers, son identité pour devenir président d'un parti politique». Il révèle uniquement ses initiales : GSE. «Ghediri est accusé de lui avoir transmis des documents et s'est retrouvé poursuivi pour transmission d'informations de nature à porter atteinte à l'ANP et à l'économie nationale». Selon Me Bourayou, ces accusations ne sont qu'une «histoire montée de toutes pièces pour nuire au concerné qui s'était distingué par des prises de positions publiques sur la situation que traverse le pays, un droit constitutionnel qui ne peut être remis en cause par personne». Pour toutes ces raisons, ajoute-t-il, «je soulève le problème de fond qui est celui de la justice, car c'est d'elle que nous attendions protection, c'est elle qui devait s'ériger en gardienne des libertés (…) alors on met une personne en détention durant de longs mois pour procéder à l'instruction de son dossier, puis on nous parle de possibilité de liberté provisoire, c'est comme si on avait maltraité une personne, puis on soignait ses plaies, ce n'est pas du tout normal». L'avocat transmet ensuite la position de Ali Ghediri qui depuis sa prison réclame «non pas la liberté provisoire, mais une réhabilitation pure et simple». «Il estime, poursuit-il, qu'on lui a fait du mal, qu'il a été lésé dans ses droits constitutionnels, qu'il a été injustement incarcéré sur la base de fausses accusations, qu'il est poursuivi pour des faits qui ne se sont jamais déroulés et qu'on doit aujourd'hui non pas le mettre en liberté provisoire pour être jugé sur des faits inexistants, mais que l'on doit au contraire le réhabiliter. La justice et la vérité doivent triompher». Me Bourayou a décidé de rendre public ce message dans un contexte marqué par la libération progressive des détenus d'opinion incarcérés depuis le 22 février. Plus de 76 personnes détenues à travers plusieurs wilayas du pays ont été placées en liberté provisoire jeudi dernier.Le moudjahid Lakhdar Bouregaâ en fait partie. Une autre vague de libération a eu lieu hier à Oran et d'autres encore pourraient être enregistrées dans les jours à venir à en croire les informations en cours. Tous les nouveaux libérés devraient, cependant, voir leur procès très rapidement programmé ce qui «permettrait de régler une situation qui n'est pas très claire pour l'instant (…), les procédures ont été hâtées, il s'agissait visiblement de mesures d'apaisement qu'il fallait appliquer mais les dossiers judiciaires sont toujours en instance et les poursuites sont aussi toujours de mise, or, il y a refus de voir toutes ces personnes emprisonnées sans aucune base juridique être toujours poursuivies, ce n'est pas normal, il faut au contraire qu'elles soient réhabilitées», ont déclaré plusieurs avocats des détenus libérés. Arrêté puis placé sous mandat de dépôt le 12 juin dernier, Ali Ghediri en est lui à son septième mois d'incarcération. A. C.