A l'instar des grandes villes du pays, Tizi Ouzou a vibré, hier, au rythme de la célébration du cycle d'une année de contestation populaire. Une marée humaine s'est déversée sur l'itinéraire habituel de la marche, dans une atmosphère joyeuse et colorée mais toujours avec la même détermination à imposer le changement politique profond réclamé depuis l'irruption, il y a une année, du peuple dans la rue. Ne cédant ni à la lassitude ni au doute, les groupes d'hommes et de femmes, jeunes et moins jeunes, quasiment les mêmes, ont réinvesti la rue avec la conviction chevillée à l'ardeur qu'ils ont manifestée pour battre le pavé, en ce 53e vendredi, afin d'approfondir le sillon d'une révolution citoyenne qui affiche toujours son visage souriant et pacifique. Une attitude que l'on a pu distinguer dans l'immense défilé d'où montent toujours les mêmes chants et les mêmes clameurs qui disent la colère, l'espoir et la volonté inébranlable de la rue à solder tous les contentieux accumulés entre le peuple et ses dirigeants depuis l'indépendance. De fait, le changement du paradigme politique imposé par le coup de force au lendemain de l'indépendance constitue le plafond des exigences et rythme les slogans scandés par les manifestants qui demandent le départ des hommes et des appareils qui ont servi le système et de tous ceux qui ont participé à la gouvernance de Bouteflika. La foule demande toujours la libération de la justice, des médias du joug de l'exécutif. On continue toujours à réclamer haut et fort un fonctionnement transparent des institutions où l'armée n'aura plus à s'occuper de politique. Hier, ce sont les mesures prises par l'administration du chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune qui ont été dénoncées. La rue s'est joyeusement gaussé de sa décision de consacrer le 22 février journée de la cohésion du peuple avec l'armée. «Le chef de l'Etat vient, à travers cette décision, de jeter une OPA sur le Hirak, pour mieux l'apprivoiser et l'étouffer», nous dit Malek, un ancien militant politique du MCB venu spécialement d'Alger pour fêter l'an I de la révolution à Tizi Ouzou. Une révolution dont «la vigueur suscite des convoitises de tous bords, et celles des tenants du pouvoir», considère ce vieux manifestant sur sa pancarte. Beaucoup ne voient pas d'un bon œil les appels du pied que multiplie le nouveau pouvoir à l'endroit du mouvement populaire. Une sollicitude, juge-t-on, qui manque de sincérité puisque la répression est toujours de vigueur, argumente-t-on avec colère. Et d'avancer comme preuves, la mobilisation des forces de l'ordre pour empêcher les manifestants de se rendre à Alger, la poursuite des procès en justice des activistes du Hirak et la prolongation injustifiée de l'incarcération de certaines figures politiques et du Hirak comme F. Boumala, A. Fersaoui, K. Tabbou et d'autres. S. A. M.