Malgré la décision prise par les autorités d'interdire tout type de rassemblement dans le cadre des mesures de prévention contre la propagation du coronavirus, les citoyens sont massivement sortis, hier, pour le 56e vendredi. Dense et compacte, la foule poursuit sa diatribe et ses cris de colère contre le régime, reprenant les chants et les slogans habituels exigeant le changement du mode de gouvernance et une rupture radicale avec le système. Ils ont, une nouvelle fois, sorti les mêmes pancartes et les mêmes mots dénonçant la répression policière, les verdicts de la justice contre les manifestants et les activistes politiques prononcés sur injonction de parties extérieures et en dehors des prétoires. Du coup, on a encore réclamé la libération de la justice et des médias du joug de l'exécutif, et l'instauration d'un Etat de droit et le respect des libertés publiques. Hier, les manifestants ne se sont pas seulement contentés de braver les consignes émises par le gouvernement pour stopper l'avancée du virus Covid-19. Au contraire, ils les ont dénoncées comme étant un subterfuge et un prétexte pour faire avorter le mouvement. On trouvera même des raisons de se moquer et de tourner en dérision ces mesures de prévention prises à la veille du 56e acte de mobilisation du mouvement populaire. Trouvant suspecte cette bienveillance du pouvoir à l'égard du Hirak qu'il continue à réprimer, beaucoup l'ont perçue comme étant une ultime manœuvre pour étouffer la contestation. Et les signes de cette volonté d'en finir avec le mouvement populaire sont légion et se manifestent, dénoncent les marcheurs, dans la poursuite de la répression policière et des jugements qualifiés d'expéditifs et reposant sur des motifs fallacieux, de manifestants et d'activistes politiques observés la semaine dernière. Ayant décidé de manifester à Tizi Ouzou, quinze jours après sa sortie de prison, l'universitaire et activiste politique Fodil Boumala a constitué une véritable attraction pour les hirakistes qui l'ont accueilli comme un héros. «Boumala est carrément pris en otage» par les marcheurs qui ont voulu immortaliser leur rencontre avec l'ex-détenu sur des selfies et des vidéos qui feront le tour de la toile et des médias sociaux. On signalera aussi l'hommage de la rue à l'écrivain Mouloud Feraoun dont on célèbre, ce 15 mars, la date-anniversaire de son assassinat par un commando de l'OAS, à Alger, en 1962, juste après l'arrêt des hostilités entre les Algériens et l'ex-puissance coloniale. S. A. M.