Les manifestants ont observé leur traditionnelle halte devant le siège de la wilaya où ils ont multiplié chants et slogans hostiles au pouvoir. L'application des articles 7 et 8 de la Constitution, le démantèlement du système au pouvoir, la libération des détenus du hirak et l'indépendance de la justice ont, une nouvelle fois, constitué l'essentiel des revendications formulées par les manifestants qui sont sortis, hier à Oran, à l'occasion de la 52e marche de la révolution. Marche qui a vu quelques centaines d'Oranais investir les rues du centre-ville tandis que de nombreux hirakistes se sont déplacés dans les wilayas de Mascara et d'Aïn Témouchent pour soutenir les habitants interdits de manifester depuis plusieurs semaines. "La liberté de manifester et de s'exprimer est un droit inaliénable théoriquement protégé par la Constitution algérienne et par toutes les lois de la République", s'est emporté un hirakiste oranais qui est allé prendre part à la marche de solidarité de Mascara. Les slogans scandés par les marcheurs de cette 52e marche se sont focalisés sur le secteur de la justice, notamment avec l'interpellation et le placement sous mandat de dépôt du directeur du groupe Ennahar — considérés par tous comme un juste retour des choses —, le maintien en détention de Karim Tabbou et de Fodil Boumala et l'énorme travail effectué par les avocats du hirak et "l'héroïsme" du procureur de la République adjoint du tribunal de Sidi M'hamed. "L'injustice cessera un jour ou l'autre. Nous y veillerons !", a juré un des manifestants pendant que ces compagnons scandaient un slogan dénonçant les agissements du ministre de la Justice. Alors que les manifestants observaient leur traditionnelle halte devant le siège de la wilaya où ils multipliaient chants et slogans hostiles au pouvoir, réitérant leur détermination à poursuivre la lutte et appelant à la restitution de la souveraineté au peuple, Messaoud Babadji, enseignant en droit et militant des droits humains, était interpellé par des policiers en civil, quelques mètres plus loin, près de la direction de l'éducation. Son tort : avoir arboré l'emblème amazigh et s'être pris en photo avec d'autres hirakistes. La nouvelle qui a très vite fait le tour du hirak a suscité la consternation devant cette nouvelle atteinte aux droits individuels. "Je pensais que la question de l'emblème avait été réglée, mais manifestement, il n'en est rien. C'est aussi grave que triste", s'est inquiétée une manifestante alors qu'un mouvement de soutien avait commencé à s'organiser. Me Khemisti Farid, Kaddour Chouicha et quelques activistes se sont immédiatement rendus au siège de la sûreté de la wilaya où Messaoud Babadji a été entendu sur PV avant d'être remis en liberté environ une heure plus tard. Son drapeau ne lui a pas été restitué. À présent, il reste à savoir si cet épisode est clos ou si le parquet se saisira du dossier…