Les hôteliers et les opérateurs du tourisme de la wilaya de Boumerdès ont le moral en berne. Les raisons de ce marasme, la pandémie de Covid-19 qui a eu pour impact l'absence de clientèle depuis plus de deux années, la crise économique et financière, la bureaucratie étouffante ainsi que la pression fiscale et parafiscale. Mais eux qui ont investi des milliards ne pouvaient se décourager et s'arrêter au milieu du gué. Ils s'accrochent à la vocation touristique de la wilaya de Boumerdès et l'espoir d'un avenir meilleur. Ils continuent de travailler contre vents et marées. C'est ce que nous avons remarqué, ce week-end à l'hôtel Leïla de Boumerdès où une partie d'entre eux se sont regroupés autour de Ahmed Oulbachir, président de la Fédération nationale des hôteliers (FNH). Deux vice-présidents de la FNH étaient également présents à cette rencontre. Les intervenants ont exposé les gros problèmes qu'ils rencontrent. «Nous ne rêvons plus d'ériger des projets. On nous l'a enlevé ce rêve», s'exclama l'un d'eux. «Il faut batailler pendant des années pour accéder à la concession d'un terrain dans une ZET et d'autres nombreuses années pour espérer lancer les travaux de construction. Faut-il des générations pour implanter un hôtel ?», dit un autre. De son côté, Adim Omar, opérateur dans la wilaya de Boumerdès et vice-président de la fédération, également connu pour être le pionnier dans le tourisme dans la wilaya de Boumerdès avant de faire face, dans les années 1990, au prix de sacrifices inhumains parmi les membres de sa famille, aux menaces des terroristes, fait part de sa déception. «Les banques nous menacent quotidiennement, l'administration nous fait courir et les impôts nous harcèlent», dira-t-il, évitant de préciser que lui-même et d'autres hôteliers qui ont hébergé sur réquisition de l'administration des Algériens rapatriés de l'étranger n'ont pas été payés depuis 2020. Il revient sur les difficultés que rencontrent les opérateurs du tourisme qui ont été obligés de licencier leurs agents, faute d'argent pour les rémunérer. Appel pressant au chef de l'Etat «Je fais appel au président de la République qui nous a promis durant sa campagne électorale, la relance de l'économie du pays et, particulièrement, relancer le tourisme pourvoyeur de richesses et de postes de travail.» C'est ce que nous dit le président de la FHN, lorsque nous nous sommes rapprochés de lui à la fin de cette rencontre. Il ne manque pas de développer son argumentaire pour appuyer cet appel. «Après deux années de Covid-19, les hôteliers algériens et les opérateurs dans le secteur du tourisme sont quasiment à l'arrêt. La reprise s'avère très difficile du fait que la mobilité des citoyens est neutralisée par la pandémie, alors que les entreprises et autres institutions n'ont plus les moyens financiers.» Le président de la FHN rappelle que beaucoup d'hôteliers et opérateurs du tourisme qui ont contracté des prêts bancaires rencontrent d'énormes problèmes pour honorer les échéances. Et de déplorer : «Notre corporation faire également face à la pression fiscale. De plus les acteurs des secteurs de l'hôtellerie et du tourisme luttent tous les jours contre la bureaucratie qui freine le développement des secteurs. Au lieu de s'occuper du développement de leurs entreprises, les gestionnaires courent d'administration en administration, de bureau en bureau et de guichet en guichet.» Ceci dit, Oulbachir parle d'une reprise, notamment au plan de l'investissement dans les secteurs de l'hôtellerie et du tourisme «mais cette reprise reste très timide. Les gens n'ont plus d'argent, et le très peu qui en ont, ne trouvent pas d'écoute auprès des administrations». Il revient sur le Conseil national du tourisme qui a été créé en 2004 mais qui n'a jamais travaillé réellement, alors qu'il pouvait prendre en charge beaucoup de problèmes. «Le Premier ministre a donné des instructions pour relancer cette instance au sein de laquelle siègent une quinzaine de ministères. De son côté le ministre du Tourisme, que je salue au passage, nous a plusieurs fois reçus. Je pense qu'il est animé d'une bonne volonté. Pour notre part nous allons l'aider.» Et de conclure : «Nous allons développer le tourisme pour essuyer les larmes des Algériens. Cela fait trois ans que les Algériens pleurent à cause du coronavirus. En dehors des méfaits du Covid-19 nous avons souffert du terrorisme. Mais pour développer le tourisme, il faut une volonté politique.» Abachi L.