C'est sa propre enfance et son adolescence que la sœur de Jean Amrouche nous raconte. Ecartelée entre deux cultures et deux religions (sa mère, Fadhma Aït Mansour était catholique), Kouka tente de retrouver sa vraie identité. Tiraillée entre sa grand-mère, Djida, qui lui martèle qu'elle serait plus jolie dans une robe berbère que dans une tenue occidentale, et sa maman qui la pousse à s'émanciper en se tournant vers le mode de vie occidentale, Marie- Corail a l'impression d'être entre le marteau et l'enclume. Cette autobiographie romancée de Marguerite Taos Amrouche, première romancière algérienne de langue française (1913- 1976) et sœur de l'écrivain Jean Amrouche a été publiée en 1969. Et voilà qu'elle connaît un nouveau tirage aux éditions Casbah au grand bonheur des lecteurs que nous sommes. Taos Amrouche est née à Tunis en 1913 dans une famille kabyle originaire d'Ighil Ali. Dans ce roman, elle évoque sa condition de femme exilée à travers le personnage Marie-Corail alias Kouka. En modifiant son nom et celui des membres de sa famille (la famille Iakouren pour Amrouche ; Caroline pour Fadhma Aït Mansour-Yemma ; Laurent le Prestigieux désignant Jean Amrouche...), elle nous fait pénétrer dans la vie qui fut la sienne au début des années 1920, et ce, jusqu'en 1935. Dans le roman, la famille Iakouren vit à Tunis (Tenzis). La Rue des tambourins est une rue de la capitale tunisienne qui s'appelait à l'époque rue de la Rivière. C'est à cette adresse qu'a habité la famille Amrouche de 1918 à 1925. C'est sa propre enfance et son adolescence que la sœur de Jean Amrouche nous raconte. Ecartelée entre deux cultures et deux religions (sa mère, Fadhma Aït Mansour était catholique), Kouka tente de retrouver sa vraie identité. Tiraillée entre sa grand-mère, Djida qui lui martèle qu'elle serait plus jolie dans une robe berbère que dans une tenue occidentale, et sa maman qui la pousse à s'émanciper en se tournant vers le mode de vie occidentale, Marie-Corail a l'impression d'être entre le marteau et l'enclume. «A quoi ressembles-tu dans ces affreuse robes de cotonnade qui montrent tes jambes grêles», se lamentait sa grand-mère. «Tes mains et tes pieds seraient si beaux s'ils émergeaient de nos draperies. Tu serais comparable à une perdrix trottinant avec grâce, ta tête petite serrée dans un foulard. Tes cheveux pourraient être lourds et doux, si seulement tu me laissais les enduire de henné» (page 45). Lors de séjours en Kabylie avec sa famille durant les vacances, Marie-Corail est déroutée par les coutumes traditionnelles de ses ancêtres. Elle se sent déracinée. Etre berbère, catholique et française est trop lourd à porter pour cette jeune fille partagée entre deux cultures. Un ouvrage exaltant à découvrir ou à redécouvrir absolument ! Sabrinal Rue des tambourins de Taos Amrouche, Editions Casbah, 2012, 336 p., 600 DA