L'ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, candidat déclaré à la candidature pour la présidentielle d'avril 2014, devrait avoir compris, dès mardi soir, que désormais son chemin est parsemé de contradicteurs. Invité de l'Espace Plasti des «Mille et une news», en compagnie d'Amar Belhimer, pour parler de la crise des élites en Algérie, il a cédé volontairement à son péché mignon : faire la promotion de sa candidature. Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) Dès lors qu'il a bifurqué vers le sentier de l'autopromotion, Ahmed Benbitour s'est exposé à la critique, acerbe par moments mais suffisamment étayée pour le dérouter et l'énerver. Une remarque courtoise, sur le fait qu'il ne semblait pas se rendre compte de la contradiction dans laquelle il s'enlise en se déclarant à la fois qu'il est contre un autre mandat pour le président sortant et contre la révision de la Constitution qui, faut-il le rappeler, l'y autorise justement, fit vite de donner au débat les contours d'un échange à la limite de la correction. Visiblement surpris par tant de vitupérations, Ahmed Benbitour éprouva du mal à donner le change, perdant même son sang-froid quand il répliqua à un jeune militant des droits de l'Homme qui lui reprochait, un peu crûment, d'avoir préconisé sur un plateau de télévision la soumission du «statut officiel de la langue amazighe » à référendum. «Apprenez d'abord à parler avant de poser des questions», s'est-il énervé, essuyant les gouttes de sueur qui perlaient de son front dégarni. Il tenta, dans un enchaînement poussif, qu'il n'avait alors fait qu'évoquer les deux procédés possibles pour l'officialisation de tamazight : le recours à l'ordonnance ou la soumission à référendum, notant, au passage, qu'il a, lui, une sainte horreur des ordonnances. Au même intervenant qui lui reprochait aussi de ne s'y être réveillé à l'opposition et qualifié le système de corrompu qu'après avoir longtemps servi et profité des avantages de ce même système, Benbitour dira qu'il «a servi l'Etat et non le système. » Autre intervenant, autre pique : comment osez-vous affirmer que les partis politiques sont tous porteurs d'un virus que le pouvoir leur a inoculé au moment de les agréer alors que vous-même vous fondez votre acte politique du moment, l'opposition, sur le seul fait d'avoir démissionné du gouvernement ? a ajusté une voix du fond de la salle. Perplexe, Benbitour expliquera qu'il avait démissionné déjà de son poste de ministre des Finances en 1996 et qu'il s'était gardé d'en faire une vague étant donné la situation du pays à l'époque, et qu'il a aussi décliné l'invitation de devenir chef du gouvernement en 1999 pour organiser les élections présidentielles. Vient par la suite, la question à laquelle Benbitour a toujours refusé de répondre : qu'allez-vous faire de la police politique si vous êtes élu ?, lui asséna droit un autre militant des droits de l'Homme. «J'en parle dans mon programme. Lisez-le, il est sur le site», répondait-il, indiquant l'adresse du site. Ne craint-il pas la fraude électorale ? «Nous allons agir pour qu'il y ait moins de fraude possible», dira-t-il. Ne craint- pas de voir sa candidature entravée ? Il soutiendra qu'il intègre le risque. A-t-il des contacts avec les partis politiques ? Non, rétorquera-t-il, catégorique.