«Non à la destruction de la nature» «Non à la destruction de la mémoire de nos montagnes» «Oui au développement durable du tourisme de montagne» «Où sont les autorités locales ?» «Où sont les associations environnementales ?» sont les principaux slogans exhibés, pacifiquement, par une cinquantaine de jeunes, sur les hauteurs de la montagne de Tigrine et devant l'entrée d'une carrière d'exploitation d'agrégats. Tous les protestataires sont membres de l'association Thafat N'Thiza, Thiza qui est, rappelons-le, un village des montagnes de Ammal dans l'est de la wilaya de Boumerdès. Ces jeunes ont observé, ce samedi, un sit-in de protestation contre l'exploitation de cette carrière d'agrégats. En plus des dégâts environnementaux qu'elle cause, cette extraction à coups d'explosifs va, si rien n'est fait dans l'urgence, détruire définitivement d'immenses grottes naturelles avec tout le trésor d'informations géologiques contenues dans ces cavités explorées partiellement. Ecoutons, sur cette action pacifique, le président de l'association citée plus haut, Mokhtar Bouldjenat «Nous sommes venus devant cette carrière pour demander l'arrêt de l'exploitation parce qu'il y a des grottes magiques. C'est très important pour le tourisme de montagne. Nous appelons monsieur le wali de Boumerdès à intervenir, en urgence, pour fermer cette carrière. Comme genre de grottes de Tigrine, il n'y a pas beaucoup en Algérie. Ces grottes sont pareilles à celles existant à Tlemcen, Béjaïa et Jijel. J'ai vu celles de Béjaïa et Jijel, mais je pense que celles de Tigrine sont plus grandes. Nous avons fait une exploration sommaire et nous avons avancé d'environ 20 mètres avant de descendre sur une profondeur de 15 mètres, mais il reste beaucoup à découvrir. Nous espérons que le wali qui a envoyé des responsables des Directions de la culture et du tourisme pour faire un premier constat, chargera des spécialistes qui peuvent faire l'exploration.» Les confrères qui sont entrés dans ces grottes de Tigrine sont sortis émerveillés. «On dirait une mine de diamants. ça brille de partout. C'est merveilleux», nous lançait un confrère de la télé. Il y a lieu de noter que mercredi dernier, des techniciens de la culture et du tourisme sont montés les visiter. Nous devions les accompagner mais un contretemps nous en a empêchés. Ils ont certainement établi un rapport. Sur place, nous avions demandé à voir le responsable de cette carrière mais les agents de sécurité nous ont affirmé qu'il ne travaillait pas le samedi. Concernant la rumeur faisant état de l'attribution d'autorisations à d'autres entrepreneurs pour ouvrir des carrières sur les montagnes de cette région de Djerrah, les protestataires font montre de détermination pour s'y opposer. Il faut rappeler que cette région isolée était une citadelle de la Wilaya IV historique et singulièrement du fameux commando Ali Khodja. En conséquence, il n'y a pas un mont qui n'a pas été un champ de bataille ou un cimetière de chouhada. D'ailleurs, des ossements sont toujours visibles dans certaines grottes. De son côté, Cheref Mohamed ancien président de l'association Assirem de Ammal, qui était parmi les protestataires, nous a rappelé la pétition qui a été signée en 2014 par des hommes de culture d'envergure nationale et des responsables de la société civile demandant au wali de Boumerdès de prendre des dispositions pour protéger les tombes de chahids, les grottes naturelles, les vestiges historiques, les sources, les écosystèmes et des potentialités avérées en matière de tourisme de montagne dans le sud de Ammal. Comme leurs parents qui ont résisté contre les terroristes qui ont assassiné les leurs, détruit leurs maisons pour s'accrocher à leur terre, ces jeunes prennent le relais pour défendre leur montagne et ses mémoires contre le saccage. Ils sont pacifiques mais résolus.