Une grande tension règne à nos frontières depuis vendredi. Les raids aériens déclenchés ce jour-là par l'aviation égyptienne contre des positions de Daesh en Libye ont mis les forces de l'ANP en état d'alerte. Un peu plus loin, la Tunisie redouble elle aussi de vigilance pour faire face à une situation qui plonge en fait toute la région dans la tourmente. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Tout a commencé cette fin de semaine lorsque Abdelfattah El-Sissi apparaît sur la télévision égyptienne pour informer l'opinion que des avions militaires égyptiens bombardaient au même moment (vendredi soir) des bases terroristes implantées à l'intérieur du territoire libyen. L'opération a été déclenchée en représailles à l'attaque perpétrée quelques heures plus tôt contre un bus transportant des Coptes dans la région de Minya, au sud du Caire. L'attentat provoque une onde de choc. C'est le second du genre, en l'espace d'un mois et demi, qu'enregistre la communauté copte. 43 morts et de nombreux blessés avaient été enregistrés suite à cette précédente attaque menée par des kamikazes contre des églises. Les deux attaques ont été revendiquées par Daesh. Confronté à une situation interne très sensible, Al-Sissi décide cette fois de réagir. Il frappe fort. Le porte-parole de l'aviation militaire égyptienne annonce que les bombardements ont ciblé Derna, premier lieu d'implantation des terroristes de Daesh. «L'aviation, dit-il, a mené d'intenses frappes, elles ont visé différents repaires d'éléments terroristes en Libye après coordination et vérification de toutes les informations». «Ces frappes, poursuit-il, ont abouti à la destruction des zones destinées à l'entraînement des éléments terroristes qui ont préparé et mis en œuvre l'attaque de Minya». Les résultats qu'il affirme avoir obtenus ne calment pas le courroux du Président égyptien qui ordonne la poursuite des raids durant la journée de samedi. Cette fois, ils ont lieu dans le quartier de Dar Lahmar, une ville de l'Est libyen où le général Haftar mène une longue guerre contre les groupes terroristes qui y sévissent. Ce dernier a d'ailleurs annoncé avoir pris part avec ses troupes à l'opération aérienne lancée par ses alliés égyptiens. Perçu comme l'un des principaux blocages au règlement politique de la crise libyenne, Haftar a également fait part de son intention de lancer une nouvelle offensive contre les bases terroristes de Derna ces prochains jours. La situation induite par l'offensive égyptienne préoccupe au plus haut point la communauté internationale. La Libye, qui semblait jusque-là sur la voie d'un règlement pacifique, paraît entrer dans une nouvelle phase de déstabilisation marquée par le retour des combats de rues à Tripoli entre les troupes du Gouvernement d'union nationale (GNA) et des milices qui lui sont opposées. Plus grave encore : Al-Sissi a fait savoir une nouvelle fois samedi son intention de poursuivre ses actions militaires «à l'intérieur et à l'extérieur» du territoire libyen. «Nous allons frapper, dit-il, les camps terroristes là où ils se trouvent (...) tout camp qui menace l'Egypte sera détruit (...) les terroristes ont terminé leur mission en Syrie en détruisant le pays, à présent, ils veulent venir chez nous pour casser l'Etat égyptien en créant la discorde entre les musulmans et les chrétiens». Les pays limitrophes, particulièrement la Tunisie et l'Algérie, engagés dans un processus de médiation devant aboutir à un accord politique entre les différentes parties libyennes ont mis leurs troupes en alerte aux frontières. Les frappes contre les bases de Daesh pourraient en effet amener les terroristes à fuir les zones sous pression et s'infiltrer dans ces pays. La vigilance est plus que jamais de mise...