Ainsi donc, la forfaiture �lectorale a bel et bien exist� et qu�elle f�t, � toutes les �poques, l��uvre de l�appareil d�Etat. Ce qui �tait g�n�ralement r�fut� comme une malveillance de journalistes devient dans certains propos officiels un v�ritable r�quisitoire. Et qui mieux que de faux parlementaires aux mandats contestables pour l�assumer ? �Toutes les �lections sont trafiqu�es et aucun mandataire ne peut se pr�valoir du contraire�. L�auteur de cette charge est le pr�sident du groupe parlementaire du MSP, qui vient d�un coup de gueule balayer un non-dit tabou dans cet h�micycle lequel est aussi vieux que notre multipartisme. Qu�ils soient de modestes �diles de bourgades ou les d�positaires d�une charge nationale, ils doivent sans exception leur notori�t� d�abord � la manipulation de l�administration et rarement � l�expression des urnes. Les �lecteurs jobards, ces magnifiques cocus de l�illusion d�mocratique sont aujourd�hui �difi�s sur le bon usage de leurs bulletins de vote. En relan�ant la pol�mique autour d�un gouvernement neutre, ce parti islamiste fait mine d�exiger un pacte moral qui pr�serverait enfin la transparence des �lections, alors que jusque-l�, il a �t� en premi�re ligne parmi les z�lateurs de la th�orie des quotas. Son entrisme dans le syst�me, qui d�ailleurs, en est son signe distinctif, ne lui a-t-il pas permis de s�accommoder sans �tat d��me aux petites et grandes tractations pourvoyeuses d�avantages ? Ce n�est donc pas de lui qu�il faut attendre qu�un minimum d��thique r�publicaine vienne enfin mettre un terme � cette d�testable escroquerie politique qui se r�p�te pour chaque scrutin. En r�agissant de la sorte � la nomination de Belkhadem tout comme il a contribu� � faire partir Ouyahia, le MSP appara�t plut�t sous les oripeaux du �cave qui se rebiffe� pour avoir �t� dup� doublement. D�abord, en lui faisant tenir le r�le de l��pouvantail dans une sc�ne � trois, pour ensuite le priver du moindre dividende. Cependant, sa d�lation tardive, qui l�a pouss� � cracher dans la soupe collective, repose d�une mani�re objective et urgente une probl�matique o� les complicit�s ne s�arr�tent pas � la tro�ka qui gouverne. En effet, c�est la classe politique dans sa totalit� qui est interpell�e au sujet de la d�rive despotique qui a commenc� par d�mon�tiser nos votes et qui finira par substituer un ersatz de Constitution � une ancienne imparfaite, juste pour se d�barrasser des derniers verrous constitutionnels. Qualifier de p�rilleux ce qui se trame dans le premier cercle demeure encore en de�� de la v�rit�, car l�intention de solder les rares acquis d�mocratiques codifi�s dans la loi de 1996 est tellement �vidente, qu�il ne reste aux partis aucune raison de tergiverser. Dans quelques mois, il sera d�j� trop tard pour brider un pouvoir qui a d�couvert, dans le recours excessif � la proc�dure r�f�rendaire, le moyen le moins compromettant pour torpiller les courants de pens�e, voire les r�duire � un d�corum dont il ne se lassera pas de flatter leur docilit�. Il y va de la survie des libert�s publiques, car dans toute d�mocratie qui se respecte, l�acte r�f�rendaire compl�te l�arsenal de la consultation dont d�abord les partis sont la colonne vert�brale. Autant dire qu�il est le moins indiqu� dans les arbitrages et rel�ve de l�exception dans les situations �galement exceptionnelles. Or, depuis 1999, il est devenu chez nous la norme de notre gouvernance et la f�rule pour mettre en coupe r�gl�e le champ politique. Solliciter une approbation par le raccourci du �oui� ou du �non� est d�abord la marque du totalitarisme masqu�. Dans ce cas de figure, comme d�ailleurs dans l�alibi des urnes, il y a comme un viol de la conscience de l��lecteur. Les libert�s politiques ne se d�clinent pas comme on le sait par des choix �quivoques entre deux bulletins, elles exigent imp�rativement un d�bat ouvert dont personne n�a l�exclusivit�. Et c�est ce qui a toujours manqu� � ce r�gime, qui depuis avril 1999, multiplie les passages en force pour imposer ses diktats id�ologiques. A travers les r�f�rendums sur la �r�conciliation� et la �charte de la paix�, nous avons l�illustration de son aversion � �couter les autres. Le voil�, ces jours-ci, � r�cidiver dans les effets d�annonce afin de pr�parer l�opinion � une troisi�me ruse r�f�rendaire. Avec la m�me logique il voudra faire ratifier sans discussion, un projet constitutionnel. Sans faire l�injure aux quelques leaders politiques qui comptent, nous sommes quand m�me tent�s de leur reprocher leur mollesse. Car il y a quand m�me de la perplexit� devant un tel silence. M�me certaines personnalit�s, r�put�es pour �tre des voix autoris�es, demeurent dans un retrait coupable. A ce que l�on sache, il reste encore en vie trois anciens pr�sidents de la R�publique (Ben Bella, Chadli et Zeroual) qui furent �galement les inspirateurs de trois constitutions et qu�on aimerait prendre les avis sur la question. Une r�vision constitutionnelle est un chantier �minemment vital pour �tre confisqu� par une poign�e de juristes et quelques r�seaux politiques. Ceux qui ont le beau r�le de rappeler qu�en la mati�re le chef de l�Etat est dans son magist�re d�envisager une refonte de la loi et dans ces pr�rogatives de convoquer le corps �lectoral pour l�adopter, ne peuvent cependant pas ignorer que le pr�alable du consensus demeure la voie royale pour l�accomplir. Dans le cas contraire, l�on ne fera qu�ajouter � l�unilat�ralisme d�une autre �poque tous les proc�s d�intention. Bouteflika, qui trouvait beaucoup de d�fauts � ce texte datant de 1996, s�est pourtant bien adapt� � son corset durant sept ann�es. Il aurait m�me trouv� quelques conforts en usant cinq Premiers ministres et en changeant sept fois de gouvernement. En pratique donc, les pr�rogatives dont jouit le chef de l�Etat sont exorbitantes pour arguer d�une imaginaire �troitesse du texte qu�en fait rien ne justifie. L�on sait bien qu�il n�en est rien de tout cela, sauf sur la censure des mandats. Le FLN, actionn� dans ce sens, fait �videmment dans la diversion en distillant ici et l� des petites appr�ciations sur certains aspects �r�visables�. Tant�t, il insiste sur les ambigu�t�s d�un ex�cutif bic�phale, tant�t il d�veloppe une critique pertinente sur l�inefficience de notre bicam�risme, mais rarement on le surprendra � �voquer �franco de port�, l�article nodal des mandats et le credo de l�alternance, au sujet desquels, ce battage de l�alliance a tourn� � l�ex�cution d�un Premier ministre. Dans la tradition du parti unique, la machine de la propagande emprunte les tangentes mais cette fois, avec dans le r�le du cocher un apparatchik pur sucre qui, pour son premier acte de gestion, annonce un r�f�rendum d�s la rentr�e sociale de septembre. Le timing est bien ficel� afin de r�duire les impacts de la critique gr�ce � la saison estivale. Comme � son habitude, le pouvoir fait cavalier seul en taillant � coups de serpe une Constitution qui doit lui permettre une long�vit� hors norme. Ainsi, si l�on en croit les quelques allusions des grands �faiseurs� du FLN, le mandat pr�sidentiel devrait passer au septennat ce qui fera de l�actuel chef de l�Etat le recordman absolu dans ce magist�re. Avec 17 ann�es, il laissera alors derri�re lui Boumedi�ne et Bendjedid et pourra alors se d�lecter d�une post�rit� historique qu�il ne con�oit qu�� travers le prisme de la dur�e. Quid alors de l�alternance, dont on sait pourtant qu�elle est moins une coquetterie des constitutionalistes de 1996 qu�une pr�caution majeure ? C�est parce que l��mergence des libert�s d�mocratiques avait besoin de b�quilles et que le syst�me de la cooptation a conserv� la mainmise sur la d�signation, il fallait assurer une transition �soft� dont on pensait qu�� terme cela influerait positivement sur nos m�urs politiques. Or, vouloir aujourd�hui �vacuer de la Constitution ce �numerus closus� ne signifie pas que le d�passement qualitatif s�est accompli et que l�on peut dans la s�r�nit� totale faire jouer le m�canisme des urnes. Tant que le truquage �lectoral demeure une r�alit� tangible, le seul antidote � opposer aux f�odalit�s politiques s�appelle justement cette arithm�tique censitaire. Autrement dit, le jour o� l�appareil d�Etat lib�rera les urnes et qu�� tous les niveaux de la vie publique la transparence s�imposera nul n�aura � redire sur les ambitions des uns et des autres, d�s l�instant o� elles sont consacr�es par des urnes et pas des bo�tes de Pandore. En somme, le pav� du MSP, ce converti de fra�che date � l�hygi�ne �lectorale, doit faire des vagues dans le landerneau assoupi des d�put�s. Car l�irr�parable est aux portes de la R�publique dont seuls les partis se doivent de s�opposer � cette fatalit�. Mais est-il encore possible de dissuader les sorciers du r�gime ?