Le processus de privatisation dure depuis plus de dix ans dans notre pays. Il faut en effet rappeler que la premi�re ordonnance organisant la privatisation date du 26 ao�t 1995. Elle a �t� pr�c�d�e par deux articles (24 et 25) de la loi de finances compl�mentaire de 1994 qui permettaient, pour la premi�re fois, la cession d�entreprises publiques et des ouvertures de capital �tatique � des op�rateurs priv�s jusqu�en ao�t 2001, le bilan est d�cevant. Si l�on en croit une �tude du Forum des chefs d�entreprise, ce bilan se r�sume � : * �Trois op�rations de Bourse : des ouvertures de capital pour Sa�dal et l�h�tel El-Aurassi (20%) et une augmentation de capital pour Eriad S�tif (20%) * Cession de quelques officine pharmaceutiques publiques * Trois partenariats avec des investisseurs �trangers : Sider, Pherphos et Enad. * Des cessions d�actifs � des soci�t�s de salari�s�. Le 20 ao�t 2001, une nouvelle ordonnance est promulgu�e qui organise un d�sengagement encore plus net de l�Etat et qui �lit � la privatisation l�ensemble du secteur des entreprises publiques, � l�exception de Sonatrach. Cette nouvelle l�gislation semble avoir dynamis� quelque peu le processus de privatisation, et les chiffres rendus publics par le minist�re des Participations en charge de l�op�ration indiquent quelques progr�s qui m�ritent n�anmoins d��tre regard�s de plus pr�s. 1270 entreprises (ou assimil�s) sont concern�es par la privatisation dont 459 entreprises publiques �conomiques et 713 filiales. Il s�agit essentiellement de PME, mais plus des petites entreprises que des moyennes. Le MPPI signale que seules 145 entreprises sont de grande taille. Selon un bilan rendu public par le Conseil des participations de l�Etat (CPE) le 22 mars 2006, les op�rations de privatisation r�alis�es de juin 2003 � d�cembre 2005 sont les suivantes : Total des entreprises et actifs c�d�s 238 C�d�s � des op�rateurs priv�s nationaux 124 � des partenaires �trangers 31 � des collectifs de salari�s 83 Secteur des entreprises c�d�es Agroalimentaire 48 Froid agroalimentaire 09 BTPH 12 Chimie pharmacie 06 Commerce 62 Electro-industrie 05 H�tellerie 09 Mat�riaux de construction 32 Imprimerie 13 Mines 05 Services portuaires 03 Sid�rurgie m�tallique 01
M�canique 01 Bureaux d��tudes 05 autres industries 06 Autres services 06 Actifs d�entreprises 15 � L�ensemble de ces cessions ont rapport� au Tr�sor la somme de 63,4 milliards de dinars. � Les acqu�reurs ont aussi repris � leur charge des dettes d�entreprises �valu�es � 28,6 milliards de dinars. � Les acqu�reurs se sont de plus engag�s � r�aliser des investissements accompagnant les cessions pour un montant de 98,5 milliards de dinars. En termes d�emploi, 19.000 emplois ont �t� sauvegard�s et 5000 nouveaux emplois seront cr��s dans le cadre des investissements qui seront r�alis�s. Enfin, l�Etat a r�cup�r�, lors de ces op�rations de privatisation, 87,9 hectares de terrains exc�dentaires. En m�me temps que ces op�rations de privatisation, le CPE a approuv� 37 op�rations de partenariat ainsi r�parties : Secteurs Nbre d�op�rations Agroalimentaire 12 Chimie pharmacie 05 Industrie �lectronique 04 H�tellerie 01 Mat�riaux de construction 03 Industrie m�canique 01 Mines 04 Engineering 01 Services portuaires 02 Sid�rurgie m�tallurgie 01 Autres 03 L�origine des partenaires est la suivante : Europe : 21 Pays arabes : 07 Autres : 09 Les prises de participation d�op�rateurs �trangers ont rapport� au Tr�sor la somme de 30,7 milliards de dinars. L�endettement pris en charge par les partenaires est �valu� � 16,2 milliards de dinars. Les programmes d�investissement d�accompagnement sont �valu�s � 64,4 milliards de dinars. 9857 emplois ont �t� maintenus et 1468 seront cr��s dans le cadre des programmes d�investissement. Enfin, l�Etat a r�cup�r� 2,3 hectares de terrains exc�dentaires. Comme on peut le constater en premi�re lecture, le bilan semble impressionnant. Mais il ne s�agit que de 275 entreprises de petite dimension (� quelques tr�s rares exceptions) sur un total d�entreprises � privatiser de 1270 ! Et la situation des entreprises publiques non encore privatis�es est catastrophique : un d�couvert global qui d�passe les 250 milliards de dinars, un endettement global de quelque 280 milliards de dinars concentr� � 80% au niveau de 25 entreprises. 40% des entreprises publiques ont une valeur ajout�e inf�rieure � 30% du chiffre d�affaires. Et le MPPI signale que, uniquement pour proc�der � une premi�re mise � niveau de ce secteur public, un apport de 260 milliards de dinars est n�cessaire. La situation est br�lante. Plus que tout autre domaine, celui de la privatisation des entreprises publiques supporte tr�s mal les h�sitations, l�absence de vision et de doctrine, les lenteurs dans l�ex�cution. Une entreprise publique inscrite dans la liste des privatisables et qui y reste des ann�es durant sans trouver de repreneur co�te financi�rement tr�s cher au Tr�sor : sa structure financi�re se d�grade car ses collectifs de travailleurs en situation d�attente se d�mobilisent totalement. Ses fournisseurs s�en d�sint�ressent, ses clients la quittent et bien �videmment ses banquiers la mettent au rouge. Et lorsque ce sont quelque 1000 entreprises qui sont dans cette situation, il est facile d�imaginer les d�g�ts occasionn�s � l��conomie nationale. Il est �vident que le probl�me ici n�est pas technique car rien ne pourrait expliquer que les Alg�riens seraient moins capables de vendre des entreprises publiques que tous les d�cideurs des autres pays (et ils sont nombreux) qui ont eu � le faire et avec succ�s dans la plupart des cas ! Il est vrai qu�il y a eu quelques confusions entre les diff�rentes institutions en charge du dossier, mais ces �d�r�glages� sont faciles � corriger. Le probl�me serait-il alors politique ? Il semble que non puisqu�un consensus a �t� obtenu entre tous ceux qui sont concern�s directement ou indirectement par ce programme : l�UGTA, le patronat, le gouvernement sont d�accord pour privatiser un secteur public qui a trop souffert d�un interventionnisme envahissant emp�cheur de toute gestion rationnelle de l�entreprise. L�Etat, en �tant actionnaire, gestionnaire et puissance publique, a emp�ch� toute �mergence de culture d�entreprise dans le secteur public qu�il a confi� plus � des fonctionnaires � fid�lit� politique av�r�e, qu�� des managers professionnels de la gestion des risques. Serait-ce alors l�aisance financi�re qui a raviv� cet esprit de rentiers de nos �policy makers� car l�Etat alg�rien nous a habitu�s � son total rel�chement lorsque la cagnotte est garnie et son empressement � agir, ou plut�t � r�agir, rarement avec bonheur, lorsque la route s�amenuise. Ou alors y aurait-il tout simplement en jeu quelques int�r�ts cach�s qui bloquent toute avanc�e dans le programme de privatisation des entreprises publiques, le patrimoine � c�der pour les uns � acqu�rir pour les autres, �tant trop �juteux� pour �tre facile et simple � n�gocie ? Quoi qu�il en soit, la privatisation des entreprises publiques en Alg�rie, sans constituer un enjeu de premi�re importance dans la construction de l��conomie de march�, notre �conomie �tant � pr�sent une �conomie largement priv�e (55% de la VA globale et 80% de la VA hors hydrocarbures est d�origine priv�e) n�en reste pas moins une phase � accomplir dans les meilleurs d�lais possibles. L�Etat doit pouvoir se consacrer aux grands t�ches qui touchent � l��conomie de la connaissance � la construction de la comp�titivit�, aux r�formes qui attendent la politique de protection sociale. C�est dans ces domaines que se joue l�avenir de l�Alg�rie. Son avenir proche.