Le probl�me de disponibilit� des m�dicaments n�est pas r�gl�. C�est une r�alit� qui risque d�avoir des cons�quences catastrophiques sur la sant� de milliers de malades chroniques, si les pouvoirs publics continuent � faire la sourde oreille et � se vanter d�avoir r�solu le probl�me. C�est ce qu�a essay� de d�velopper hier le Syndicat national alg�rien des pharmaciens d�officine (Snapo), lors d�une conf�rence de presse organis�e par les membres du bureau. Rosa Mansouri - Alger (Le Soir) - Paradoxalement, les officines qui souffrent depuis plusieurs semaines, voire des mois, de l�indisponibilit� de certains produits, notamment ceux destin�s aux malades chroniques, ont �t� aliment�es au lendemain de la signature du programme d�autorisation des importations pour une quarantaine d�op�rateurs. Cette situation a interpell� les responsables du syndicat qui se sont interrog�s sur les dessous de ces faits. Le pr�sident du Snapo, M. Fay�al Abed, est all� m�me loin dans ses hypoth�ses, jusqu�� parler de vente concomitante de m�dicaments par des forces occultes qui, selon lui, ne sont pas identifi�es, ou du moins qu�il ne voulait pas r�v�ler devant la presse. Il ira jusqu�� dire que la p�nurie a �t� provoqu�e. Il d�nonce par la m�me occasion l�exclusivit� accord�e � certains importateurs par les laboratoires internationaux de m�dicaments, engendrant ainsi une instabilit� dans l�approvisionnement et le renouvellement des stocks. �Nous d�non�ons fermement le recours � des exclusivit�s lorsqu�il s�agit de la sant�. Un seul m�dicament doit �tre import� au moins par trois distributeurs pour �viter les p�nuries�, a insist� M. Abed, estimant qu�il est de la responsabilit� de l�Etat de �r�guler le march� du m�dicament, notamment celui de l�importation, sachant que les ruptures de stocks concernent les produits d�importation�. Le pr�sident du Snapo est explicite en avertissant sur la r�tention op�r�e par les distributeurs sur quelques m�dicaments pour �couler les stocks cumul�s pour des m�dicaments de la m�me mol�cule. Parmi les produits touch�s par la rupture des stocks, on peut noter ceux destin�s aux hypertendus, aux cardiovasculaires et aux diab�tiques. M. Abed affirme que la situation va en s�aggravant puisque les d�marches qui viennent d��tre effectu�es concernant la lib�ralisation des importations, ne conna�tront de r�sultat que d�ici quelques mois. Devant cette situation grave, le Snapo interpelle le gouvernement pour intervenir aupr�s des distributeurs afin qu�ils lib�rent tous leurs stocks pour �viter une catastrophe. �Nous avons �t� livr�s en m�dicaments dits indisponibles, donc on n��carte pas la disponibilit� de tous les produits dans les stocks. Nous demandons donc � l�Etat d�agir et d�inciter les distributeurs � faire sortir leurs stocks imm�diatement et qu�ils cessent la r�tention �, soutient-il. Les marges b�n�ficiaires : l�insulte Abordant par ailleurs la question sensible des marges b�n�ficiaires, le Snapo rejoint la position du Conseil national de l�ordre des pharmaciens (CNOP) qui a qualifi� �de catastrophiques les derni�res marges d�cid�es dans le projet de d�cret portant sur les marges b�n�ficiaires, propos� � l�adoption par le Parlement. Le pr�sident du Snapo se dit d�sagr�ablement surpris par le contenu de ce d�cret qui ne refl�te pas la volont� des pouvoirs publics � mettre en place une v�ritable politique de sant� publique, devant �tre encourag�e par la production nationale et la promotion des g�n�riques. �Tout le travail que nous avons fait depuis huit mois vient d��tre d�mantel� par ce d�cret�, signale M. Abed, affichant une d�ception �norme quand � l�avenir du march� du m�dicament et par cons�quent des officines. �La politique nationale vire vers le g�n�rique. On a toujours pens� � rendre accessible le m�dicament et aujourd�hui nous constatons qu�aucune mesure incitative n�a �t� adopt�e dans cette perspective�, fait-il conna�tre. Comparant le taux des marges b�n�ficiaires paru dans le d�cret de 1998 � celui paru dans le d�cret adopt� en mai dernier par le conseil du gouvernement, M. Abed affirme qu�il n�y a aucune diff�rence entre les deux syst�mes. Ces derniers ne font qu�inciter les officines � baisser rideaux et � changer de profession. C�est peut-�tre ce que voulait l�ex- ministre de la Sant�, M. Amar Tou, qui a exprim� son souhait d�aller vers des cha�nes de distribution de m�dicaments. Et de toute �vidence, pour y parvenir, toutes les mesures r�pressives �taient les bienvenues pour asphyxier les officines. �Il n�est pas imaginable de travailler avec des marges de 17%. Nous allons tous faire faillite � tr�s court terme, si ce d�cret est appel� � �tre appliqu�, avertit-il. Il d�plore �galement le fait qu�aucune mesure incitative n�ait �t� adopt�e pour encourager la consommation du g�n�rique et la production nationale. Une telle situation va engendrer une autre, � savoir la p�nurie. Inspections des officines : manque de professionnalisme Evoquant les inspections inopin�es dans les officines, pratiqu�es � contre-courant de la loi qui r�glemente cette op�ration, le Snapo d�nonce la circulaire sign�e par l�ex-ministre de la Sant� et qui pi�tinait tout un arsenal juridique et r�glementaire d�j� en place. �Le but des inspections �tait loin d��tre professionnel. Il y avait une volont� d�lib�r�e de fermer des officines existantes et de cr�er l�anarchie, pour justifier le besoin de lib�rer le march� du m�dicament en faveur des op�rateurs �conomiques, voire des d�tenteurs de portefeuilles au d�triment des sp�cialistes de la profession�, a r�v�l� hier M. Abed. Ces accusations gravissimes sont assum�es par le Snapo qui dit �continuer la lutte pour que les sp�cialistes, les pharmaciens en l�occurrence, restent les premiers responsables de la profession. �Il n�est pas question de mettre la vie des malades en danger et de laisser les pharmacies g�r�es par les businessmen �, a-t-il insist�. Par ailleurs, le syndicat des pharmaciens s��l�ve contre l�installation ces six derniers mois d�officines de mani�re anarchique, dans les centres urbains, contrairement � la l�gislation. R. M. Pas d�incin�rateurs pour les m�dicaments p�rim�s Les responsables des pharmacies ne savent plus � quel saint se vouer. Ils sont confront�s depuis 2002, date de l�interdiction d�incin�rer les m�dicaments p�rim�s dans les d�charges publiques, � un �norme probl�me d�incin�ration des m�dicaments p�rim�s. Ce sont des milliers de tonnes de m�dicaments qui sont stock�s dans des hangars lou�s sp�cialement, ou dans les sous-sol des pharmacies, en attendant la solution pour se d�barrasser de ces lots. Il faut pr�ciser que les incin�rateurs existant dans les h�pitaux n�acceptent pas de servir les officines priv�es, sachant que ces derni�res ont des quantit�s d�passant les capacit�s de ces machines. Par ailleurs, aucun op�rateur priv� n�a �t� autoris� � mener cette activit�. Les officines lancent un SOS pour r�gler ce probl�me.