La cité des 1000 Logements, officiellement cité du 1er Mai, sise dans la commune de Ouled Yaïch, demeure l'un des quartiers les plus connus de toute la wilaya de Blida, quand ce n'est pas de tout le pays. Sa réputation est liée à la fois à sa situation géographique — c'est la sortie nord de la ville des Roses — et au «métissage» de ses habitants qui viennent, dit-on, des 48 wilayas du pays. La cité en question a été construite à la fin des années 1970 pour répondre à la demande des citoyens en matière de logements sociaux et, surtout, pour «héberger» les cadres de la wilaya et des nombreuses entreprises publiques implantées à Blida. A cette époque-là, la ville des Roses avait besoin de cadres, lesquels étaient les bienvenus, en contrepartie d'un logement bien sûr. Les premiers résidants de cette cité sont arrivés en 1979, nous dit-on. Parmi eux, des coopérants étrangers qui l'ont occupée jusqu'au début des années 1990, à l'instar des Bulgares, des Russes et des Français.Des habitants rencontrés sur les lieux gardent encore la nostalgie de cette époque, synonyme pour eux de civisme, de sécurité, de quiétude et surtout «d'intellectualité». Une époque où il existait même un comité de quartier qui luttait pour la préservation du cadre de vie. Lente dégradation Aujourd'hui, la réalité est tout autre, et nombreuses sont les familles qui ont vendu leur appartement pour s'installer ailleurs, car ne pouvant plus supporter les brusques changements de mentalité.«C'est à partir de 1992 que les choses ont commencé à connaître une détérioration marquée, puisque l'insécurité et le terrorisme commençaient à régner dans notre quartier. D'ailleurs, il ne se passait pas un jour sans qu'on entende des rafales ou qu'on soit secoué par l'explosion de bombes qui ont visé le siège de l'APC, le complexe Benfarès, le pont de Oued Beni Azza, des lieux jouxtant la cité», nous diront des habitants de la cité. Des attentats ont également coûté la vie à des résidants, dont notre confrère Farah Ziane. Les conséquences de cette époque sanglante se font sentir à ce jour. Outre le profond traumatisme subi par les habitants, on assiste à une démission totale de la population et des élus. Cela se traduit par l'omniprésence de décharges sauvages, l'absence d'espaces verts et d'aires de jeux pour les enfants, le squat de terrains à l'intérieur de la cité qui se transforme en bourbier l'hiver et devient poussiéreuse en été à cause des voies d'accès défoncées. Promesses non tenues A cause de l'état lamentable des routes, les mécaniques sont soumises à rude épreuve, et les chauffeurs de taxi refusent les courses à l'intérieur des 1000 Logements.Cet état de fait s'explique par les travaux relatifs à l'assainissement, intervenus il y a deux années, mais qui n'ont pas été suivis de goudronnage. Nos interlocuteurs sont révoltés par les quelques opérations d'entretien qui ont eu lieu dernièrement au niveau de certains sites du quartier jouxtant le stade de Blida. «Ils l'ont fait pour plaire au président de la République qui devait assister au match de football entre l'Entente de Sétif et Casablanca. Et de renchérir : «A cette époque-là, le wali nous a assurés qu'un ambitieux programme d'embellissement allait concerner la cité des 1000 Logements. Plusieurs mois après, rien n'a été concrétisé.» Un autre habitant a évoqué, pour sa part, les chaudes nuits d'été, non pas à cause de la canicule mais des «attaques», ô combien persistantes, des essaims de moustiques, qui s'épanouissent dans les ordures et les égouts à ciel ouvert.