Des millions d'Algériens qui sortent depuis plus de trois mois, pour réclamer l'avènement d'un Etat droit, ont fait face durant ces dernières semaines, à un regain de violence de la part des forces de sécurité. «Chassez le naturel, il revient au galop !». On ne croirait pas si bien dire, à propos des tenants du système qui, après quelque temps d'accalmie, recourent aux moyens «forts» contre un mouvement, pourtant pacifique. Le peuple Algérien a ébloui le monde par le caractère pacifique de ses manifestations contre le système en place, depuis le 22 février dernier. Des millions d'Algériens qui sortent depuis plus de trois mois, pour réclamer l'avènement d'un Etat droit, ont fait face durant ces dernières semaines, à un regain de violence de la part des forces de sécurité. Première cible : Les étudiants qui manifestent traditionnellement chaque mardi matin. En effet, la machine répressive du pouvoir s'en est brutalement prise aux futures élites du pays, lors de leurs marches pacifiques à Alger. Pour casser l'engagement et la détermination citoyenne, les forces de la police mobilisées en grand nombre, ont usé de tous les moyens et pratiques pour dissuader les marcheurs. Alors qu'il est de leur devoir de protéger les manifestants contre toute tentative de provocation et de menace à leur sécurité, et non de réprimer les manifestations pacifiques. Les policiers n'ont pas lésiné sur les moyens pour réprimer les manifestants, sortis dans la rue afin de scander leur refus à l'organisation d'une élection présidentielle par la «bande». En effet, les agents civils et en tenue ont multiplié les actes de provocation à l'égard des manifestants, de façon de plus en plus manifeste. Suite à ce comportement, les photographes et journalistes n'étaient plus tout à fait libres de choisir l'angle de leurs prises de vue. Usage de gaz lacrymogènes malgré le Ramadhan, interpellations de maires venus manifester, accrochages, intimidations, violence et brutalité, arrestations arbitraires, coups de matraque, usage des canons à eau, l'état de siège imposé à la capitale par les barrages filtrants, … Ces intimidations n'ont fait que renforcer la volonté des Algériens d'aller jusqu'au bout de leurs revendications. Ils se sont montrés encore plus engagés et plus déterminés. Les plus violents affrontements ont été enregistrés entre les forces de l'ordre et les manifestants, le 09 et le 12 avril, le 17 et le 24 mai. Des centaines de personnes ont été interpellées, parmi eux des adolescents, des militants de droits de l'homme, journalistes et des élus, dont les P/APC Madjid Ouddak et Ait-Aissi. Le pouvoir tente coûte que coûte d'imposer sa feuille de route pour la sortie de crise politique, rejeté tout en bloc par la population. Le vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah avait, dans un discours prononcé mardi 16 avril depuis Ouargla, «désapprouvé» le recours par la police à la répression des manifestants. Et il s'est engagé personnellement à «protéger les manifestants lors des marches pacifiques». «La décision de protéger le peuple, avec ses différentes composantes, est une décision irréversible et dont nous ne dévierons point», avait affirmé le chef d'état-major de l'ANP. «Partant de la solidité des liens de confiance liant le peuple à son Armée, nous avons donné des instructions claires et sans équivoques pour la protection des citoyens, notamment lors des marches», avait-il souligné, alors que la police avait réprimé les manifestants vendredi, à Alger. Sauf que depuis ces trois dernières semaines, la répression policière est revenue de plus belle. La classe politique dénonce La classe politique et la société civile a dénoncé le comportement «indigne» des policiers envers les personnes interpellées, à l'intérieur des commissariats de la capitale. La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) à dénoncé les «arrestations préventives» de manifestants, estimant qu'elles sont «des atteintes aux libertés de circulation, de manifestation et d'expression, garanties par la constitution et les conventions internationales relatives aux droits de l'Homme. Il ne faut pas cesser de le rappeler». Le parti Talaie El Hourriyet d'Ali Benflis, a tenu à «mettre en garde les autorités publiques, contre la tentation du recours à la force contre la Révolution populaire qui, malgré toutes les provocations, est demeurée foncièrement pacifique depuis le début des marches». Le RCD a également condamné une «campagne d'arrestations arbitraires».