Les premières réactions à la sortie médiatique de l'ex-patron du DRS commencent déjà à tomber. Joint au téléphone, hier, le député et porte-parole du parti du FJD, Lakhdar Benkhelaf, préfère temporiser. «En dehors du fait que la sortie médiatique de Toufik soit une première, il est précoce de s'avancer pour l'instant sur un tel dossier», a-t-il dit. Notre interlocuteur s'interroge par ailleurs sur le timing choisi par Mohamed Mediène pour prendre la défense du général Hassan. «Pourquoi avoir attendu 10 jours après la condamnation du général Hassan ?», s'est-il demandé avant d'ajouter qu'«il aurait été préférable que le général Toufik se soit exprimé avant même le déroulement du procès pour prendre la défense de Hassan. Il aurait pu éclairer les magistrats et l'opinion avant même la condamnation». Sofiane Djilali, président du parti Jil Jadid, n'a pas caché son inquiétude quant à l'enchaînement des événements. «Mon premier sentiment, après avoir eu connaissance de la lettre de Toufik, est l'inquiétude», a-t-il déclaré. Pour lui, «il y a là une preuve de plus du dysfonctionnement qui a atteint les sommets de l'Etat. C'est une situation très grave ! Les déclarations de Toufik renseignent si besoin est sur les multiples dysfonctionnements qui ont atteint les sommets de l'Etat. Pour que Toufik, himself, vienne s'exprimer sur la condamnation du général Hassan, c'est qu'il y a des zones d'ombre qui ont vraisemblablement caractérisé le déroulement du procès du général Hassan. Nous ne savons pas qu'est-ce qui s'est passé exactement lors de ce procès. Les jours qui vont venir, je l'espère, nous éclaireront davantage sur toute cette affaire», a souligné notre interlocuteur. Atmane Mazouz, chargé de communication du RCD, a qualifié, pour sa part, «d'intrusion médiatique» la sortie du général Toufik. Dans une déclaration rendue publique hier, le RCD voit dans l'intervention de l'ex-patron du DRS une nouvelle preuve de l'existence d'une «guerre de clans» au sommet. «L'intrusion médiatique de Toufik ne fait plus mystère sur la guerre des clans qu'on se livre au sommet de l'Etat et le choix du moment de sa sortie est plus important à décrypter que le contenu de sa déclaration», écrit le responsable du RCD. Et d'asséner : «On ne découvre pas l'injustice après avoir longtemps laissé faire. La missive obligée du général Toufik met à nu tout un système qu'il a longtemps incarné. S'il découvre enfin qu'une injustice est commise alors que l'arbitraire a prospéré sous son règne, sous ses ordres, ses protégés et ses présidents désignés, on ne peut que considérer qu'enfin la vérité finit toujours par triompher.» Et d'ajouter : «Je ne peux juger de la culpabilité ou du jugement rendu dans l'affaire du personnage qu'il défend, mais sa déclaration a le mérite d'éclairer un peu plus sur le drame algérien et les responsables de la faillite de tout un pays.» Et à Atmane Mazouz d'attaquer frontalement le général : «Dans sa déclaration, Toufik, dépouillé de son pouvoir, a dû mesurer toute l'étendue de la tyrannie abusive et arbitraire de sa police politique et de ses décisions complices qui ont ruiné le destin de toute une nation.»