L'expérience de l'ingérence militaire en Libye en 2011 et le chaos créé dans ce pays expliquent les réticences d'une partie de cette organisation militaire dans la répétition de ce scénario. Constatant que l'ingérence militaire en Libye a profité à Daech qui y a installé des camps, l'Allemagne et la France ne soutiennent pas l'initiative de l'Otan et de l'Europe pour une attaque. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan, avait indiqué que cette organisation était prête à une attaque en Libye en cas de feu vert des responsables du nouveau gouvernement. La décision de l'Europe de soutenir le nouveau gouvernement en Libye s'est heurtée à un obstacle sérieux qu'est la réticence de Paris et de Berlin à jouer un rôle plus grand dans la reconstruction de ce pays en crise. La réticence de ces pays puise dans l'expérience de l'Occident en 2011, lorsque l'Otan a attaqué la Libye pour renverser Mouammar Kadhafi. L'Otan et l'Europe se disent prêtes à aider le nouveau gouvernement de Libye à arrêter les passeurs qui aident les clandestins à traverser la Méditerranée. Daech, qui a profité du chaos pour étendre son influence dans ce pays et ciblant d'autres pays de la région, profiterait également d'une éventuelle ingérence militaire. Cette organisation extrémiste dénoncerait ce qu'elle qualifierait de «colonisation» une nouvelle attaque militaire de l'Otan et ferait dans l'enrôlement d'extrémistes de la région pour prétendument «lutter contre la croisade». Il ne s'agirait pas seulement de Daech mais également d'Aqmi qui craint que cette organisation lui ôte son influence dans la région. Daech et Aqmi se lanceraient à la course à l'armement, à l'«enrôlement» et à la relance des attaques. Des pays comme l'Algérie qui avaient averti contre l'ingérence militaire de 2011 menée par l'Otan et initiée par Sarkozy, expriment leur choix pour une solution politique et pacifique engageant les forces libyennes, et l'aide à l'armée de la Libye pour affronter Daech et Aqmi. La communauté internationale a exprimé, il y a quelques jours, son accord pour la levée partielle de l'embargo sur les armes instauré à l'encontre de la Libye en 2011. Le chef d'état-major du Canada a indiqué qu'une intervention militaire en Libye n'était pas inévitable, mais il révise activement ses options pour pouvoir conseiller le gouvernement si cela devait se produire. Le général canadien a précisé qu'il ne favorisait pas une option au sujet d'une possible participation canadienne à une coalition militaire occidentale en Libye. «Au moment où on se parle, je ne suis pas convaincu qu'une intervention militaire soit inévitable», a-t-il noté après un discours à Ottawa.