Le dernier changement opéré au FLN, avec la démission de Amar Saâdani et l'intronisation de Djamel Ould Abbès à la tête du parti, ne sera pas un prélude au retour de l'alliance présidentielle qui regroupait les partis soutenant le programme du président de la République. C'est ce qu'a affirmé hier à Tizi Ouzou le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, en marge d'une réunion du secrétariat de wilaya de son parti, qui s'est tenue à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, en prévision des prochaines élections locales. «Le changement à la tête du FLN est une question interne et ce parti reste un allié stratégique avec lequel nous continuons à défendre le programme du président de la République. Toutefois, la question de retour à l'alliance présidentielle n'est pas à l'ordre du jour», lance Ahmed Ouyahia, en réponse à une question relative à sa position concernant la démission de Amar Saâdani de la tête du FLN et la chance de voir les liens se raffermir avec ce parti, suite à l'arrivée d'un nouveau SG pour en faire un allié. «Moi-même j'ai vécu ce genre de situation au sein du RND que j'avais quitté avant de revenir au poste de secrétaire général», ajoute-t-il non sans lancer une fléchette à l'ancien patron du FLN, en évoquant le dernier communiqué du groupe parlementaire du FLN qui avait appelé à voter l'ensemble des lois qui seront présentées par le gouvernement à l'APN. «Nous nous réjouissons de la position du groupe parlementaire du FLN qui appelle à soutenir l'ensemble des lois qui seront présentées par le gouvernement à l'APN dont la loi de finances 2017. C'est une position qui tranche avec les anciennes pratiques au sein de ce groupe où souvent il y avait des dissensions entre eux. Cette position rejoint celle de notre parti, qui est pourtant minoritaire au sein du Parlement, à savoir le soutien indéfectible du programme du Président et des actions du gouvernement», affirme le premier responsable du RND, qui n'a pas voulu aborder le sujet concernant une éventuelle candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat en 2019, comme cela a été suggéré par le nouveau SG du FLN, Djamel Ould Abbès, se contentant de dire en guise de réponse : «Vive Bouteflika», avec un large sourire. «La crise financière va durer» S'exprimant quelques minutes auparavant au micro de radio Tizi Ouzou, lors d'une émission en direct, Ahmed Ouyahia qui avait présidé dans la matinée une réunion organique de son parti au niveau local, est revenu essentiellement sur les questions économiques en cette période marquée par une crise financière et sur la situation de développement au niveau de la wilaya. «Il faut dire la vérité au peuple. La crise financière va durer», alerte Ouyahia qui estime que «malgré le succès de la dernière réunion informelle de l'Opep tenue à Alger, les cours du pétrole n'atteindront jamais 80 dollars le baril, du moins, ajoute-t-il, à court et moyen termes». Une situation qui devra inciter le gouvernement et surtout les citoyens à ne plus compter sur la rente pétrolière. «Nous avons devant nous deux choses que nous devons faire si on veut sortir de cette crise économique induite par la chute des prix du pétrole : croire en nos capacités économiques en dehors des hydrocarbures et nous retrousser les manches», lance le SG du RND, qui se dit favorable au maintien de la règle 51/49 dans le domaine de l'investissement. «Cette règle est une excellente chose. D'ailleurs, je ne cesse de remercier le président de la République qui a introduit cette règle dans la loi. Grâce à cette règle, nous avons réussi à changer le comportement de certaines compagnies étrangères, à l'image de celles de l'automobile qui ont décidé d'investir dans le domaine après avoir été de simples concessionnaires. Cette règle a aussi permis à notre industrie pharmaceutique de porter aujourd'hui le taux de la production locale de certains médicaments à plus de 40% alors qu'il y a quelques années, ces mêmes firmes ne faisaient que vendre leur produit chez nous», se félicite Ouyahia. Maintien de la retraite anticipée : une faillite S'exprimant sur le sujet brûlant de la retraite anticipée, Ahmed Ouyahia a soutenu que la conjoncture qui a vu son introduction dans le code du travail au début des années quatre-vingt dix n'est plus la même aujourd'hui et que sa suppression est une nécessité au vu de la crise financière qui frappe de plein fouet, selon lui, la Caisse nationale des retraités. «L'Etat n'est pas un syndicat et le gouvernement doit penser à tous les secteurs d'activité. Si l'on continue avec la retraite anticipée, la CNR va droit vers la faillite et les retraités vont se retrouver sans pension à percevoir. D'ailleurs, c'est grâce à l'apport de la Caisse des assurances sociales que la CNR reste aujourd'hui debout», explique Ouyahia qui soutient que le recours à un prix référentiel de 50 dollars le baril dans la loi de finances 2017, se veut surtout une garantie pour réduire le déficit budgétaire. «Déjà, avec un prix référentiel de 50 dollars, le déficit sera de 2000 milliards de dinars, alors que si l'on revient à celui de 37 dollars le baril, ce déficit va atteindre 4000 milliards», explique le SG du RND, non sans adresser des fléchettes à l'opposition. «Ceux qui disent que la prochaine loi de finances est un code pénal bis veulent faire peur au peuple. L'opposition n'a qu'à présenter l'alternative», lance Ahmed Ouyahia qui a profité de l'occasion de sa présence à Tizi Ouzou pour brocarder à nouveau les partisans de l'autonomie de la Kabylie. «Je respecte tous les avis et je suis pour le libre débat dans tous les domaines mais je suis sidéré d'entendre encore des voix appeler à l'indépendance ou à l'autonomie de la Kabylie. Je dirai que c'est ‘Haram' d'entendre ce genre de discours car l'Algérie est un pays uni qui appartient à tous les Algériens», lance le patron du RND et néanmoins chef de cabinet du président de la République.