Au lendemain de l'attentat de Berlin, le peuple tunisien s'interroge sur les raisons pour lesquelles leur pays est devenu le 1er «producteur» de terroristes. Les extrémistes tunisiens ont perpétré des attentats en Tunisie, à l'Orient et en Occident. Ils seraient des milliers à combattre dans les rangs de Daech et du Front El Nosra, d'après l'ONU, qui précise que les terroristes saoudiens et tunisiens occupent la première place pour ce qui est du nombre d'extrémistes dans le monde. Comment la Tunisie en est arrivée là ? Pour le juriste tunisien Chedly Mamoghly qui s'exprimait dans un média, le parti «islamiste» tunisien Ennahda est responsable de la situation. «Nous, tunisiens, avions eu le malheur d'avoir deux gouvernements conduits par le gouvernement islamiste Ennahda de 2012 à 2013, qui ont fermé les yeux sciemment et laissé les jeunes embrigadés par les groupes djihadistes partir en direction de la Syrie et de l'Irak, passant par la Turquie et la Libye», écrit le juriste dans le média tunisien Kapitalis. Pour le juriste, c'est un «choix politique délibéré». Il y a quelque temps, le leader du parti Ennahda, Rachid El Ghennouchi, a dit comprendre les jeunes tunisiens partis combattre aux côtés des extrémistes en Syrie. Propos compris comme étant un encouragement aux extrémistes tunisiens pour aller rejoindre Daech. La rupture de la coopération diplomatique par la Tunisie avec la Syrie pourrait avoir été interprétée par les extrémistes comme une incitation à combattre Damas aux côtés des terroristes de Daech et du Front El Nosra. L'absence de coopération diplomatique prive la Tunisie de renseignements sur ces terroristes partis en Syrie. Tunis est donc dans l'incapacité de connaître tous ses citoyens partis combattre dans les rangs de Daech et du Front El Nosra. La Tunisie avait annoncé que 500 de ces extrémistes sont revenus au pays qui ne disposait pas encore de loi antiterroriste. Celle-ci a été promulguée, il y a quelque temps, mais le président tunisien a précisé que les pénitenciers de son pays ne suffiraient pas pour mettre tous les terroristes tunisiens en prison après leur retour au pays. Une polémique est née à la suite de laquelle le chef d'Etat tunisien s'est rétracté en précisant que les terroristes de retour en Tunisie seraient présentés à la justice. Le juriste tunisien évoque une autre raison, outre celle de l'encouragement du parti Ennahda aux jeunes extrémistes d'aller combattre dans les rangs de Daech et Front El Nosra, précisant que des tunisiens sont recrutés même en dehors des frontières, citant les exemples des attaques de Nice et de Berlin. «Les admirateurs de Daech sont nombreux parmi nous», d'après le juriste tunisien. Des attentats terroristes perpétrés en Tunisie ont ciblé des opposants, éléments des forces de l'ordre, militaires et touristes. Manifestation hier devant le Parlement: Non au retour des extrémistes ! Les tunisiens ont exprimé le refus du retour dans leur pays des extrémistes qui combattent dans les rangs de Daech et du Front El Nosra en Syrie, en Irak et en Libye. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, étudiants, enseignants, journalistes et avocats ont convergé hier vers l'Assemblée des Représentants du Peuple pour opposer un non catégorique au retour des Tunisiens des foyers de tension. Ils ont également plaidé contre toute transformation de la Tunisie en vivier du terrorisme à travers la «loi du repentir», écrit la presse. Aux alentours de 11 heures, des dizaines de personnes ont commencé à affluer à la Place du Bardo. Ils étaient, d'après une source sécuritaire citée par la presse, près de 300 manifestants. Cet appel à manifester a été organisé par Le Collectif des citoyens de Tunisie, appuyé par une trentaine d'associations, a précisé Sami Handous, un des organisateurs du rassemblement. «Tous concernés, tous menacés», «Non au terrorisme», «Pas de liberté pour les groupes terroristes», «Pourquoi les gouvernants de la Tunisie ont-ils peur ?», tels sont les slogans scandés par les manifestants. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer la politique de l'Etat sur cette question. D'autres ont accusé directement des responsables de partis et des figures de la scène politique d'être derrière l'envoi de jeunes personnes dans les foyers de tension. Les manifestants étaient partagés entre ceux qui refusent le retour des terroristes et ceux qui accusent certains partis politiques de vouloir semer la terreur en Tunisie en les accueillant. Alors qu'une partie de la société civile appuie l'idée que les terroristes doivent être traduits en justice, l'avocate Besma Belaid, épouse de Chokri Belaid, assassiné le 6 février 2013, estime, quant à elle, que l'ensemble du système judiciaire en Tunisie doit être révisé avant d'engager des poursuites judiciaires contre de telles personnes. «Je suis une citoyenne tunisienne frappée par le terrorisme et je ne veux pas que d'autres tunisiennes subissent le même sort que moi», affirme-t-elle. Le président tunisien avait précisé, il y a quelques semaines, qu'il ne peut pas mettre en prison tous les extrémistes de retour en Tunisie, arguant du fait qu'il n'y a pas suffisamment de place dans les pénitenciers. Ces propos ont soulevé un tollé en Tunisie. Le chef d'Etat a rapidement changé d'avis en précisant que tous les extrémistes de retour en Tunisie doivent être jugés. La Tunisie et l'Arabie saoudite comptent des milliers de terroristes aux côtés de Daech et du Front El Nosra.