La Tunisie vivra, aujourd'hui, au rythme du deuxième tour de l'élection présidentielle de l'après-révolution du Jasmin de 2011, mettant fin à une transition dirigée par Moncef Marzouki, devenu très contesté dans son pays. La Tunisie a observé, hier, une journée de «silence électoral», durant laquelle toute activité de campagne a été interdite pour les deux candidats, en l'occurrence le président Moncef Marzouki, 69 ans, et le favori du vote, Béji Caïd Essebsi, 88 ans, et chef du parti anti-islamiste, Nidaa Tounès, victorieux aux législatives d'octobre. Quelque 5,3 millions de Tunisiens sont appelés à choisir entre ces deux candidats. Les résultats pourraient être connus dès demain, selon l'instance électorale (ISIE) qui a cependant jusqu'au 24 décembre pour annoncer l'identité du vainqueur qui occupera la présidence pour les cinq prochaines années. D'ores et déjà, le peuple tunisien a réussi une performance qualifiée d'«exemplaire» en organisant des élections législatives le 26 octobre dernier et un premier tour des présidentielles jugées libres et historiques par la communauté internationale. Cette prouesse est enregistrée malgré la menace terroriste rappelée par une organisation se réclamant de l'Etat islamique (EI, ou Daech) qui, tout en revendiquant l'assassinat de deux opposants, Chokri Belaïd, tué le 6 février 2013 à Tunis, et Mohamed Brahmi, le 25 février de la même année, près de la capitale tunisienne, ont menacé de perpétrer de nouveaux attentats. Attentats qui ont coûté jusque-là la vie à des dizaines de militaires et d'éléments des forces de sécurité. Mais les échanges d'invectives qui ont marqué la campagne du 2e tour ont ravivé des tensions dans ce pays qui, depuis la révolution de janvier 2011, a connu une transition chaotique, même s'il n'a pas basculé dans la violence ou la répression, contrairement aux autres pays du printemps arabe. L'avènement du terrorisme en Tunisie a provoqué la chute du parti dit «islamiste» Ennahda, arrivé au pouvoir en 2012, et vaincu aux élections législatives du 26 octobre dernier par Nidaa Tounes, un parti politique créé il y a deux années et dirigé par Beji Caïd Essebsi. Ce candidat dit vouloir réparer les dégâts causés par les «islamistes» d'Ennahda, et leur allié Moncef Marzouki qualifié «d'extrémiste». De nombreux Tunisiennes et Tunisiens expliquent la chute de popularité de Moncef Marzouki et d'Ennahda par le fait que «le peuple tunisien ne veut pas de l'extrémisme», accusant Ennahda et le président par intérim sortant d'être «de connivence avec l'islamisme international qui détruit actuellement la Syrie et l'Irak». «La goutte qui a fait déborder le vase» L'expulsion par Moncef Marzouki, de l'ambassadeur de Syrie en Tunisie a été, pour de nombreux Tunisiens et Tunisiennes la goutte qui fait déborder le vase. Ils accusent l'ex-président par intérim de «ne pas avoir pensé à l'intérêt du peuple tunisien» et de «servir la cause injuste de l'Internationale islamiste qui cherche à détruire l'Irak et la Syrie». L'expulsion de l'ambassadeur syrien a été qualifiée par une partie du peuple d'«encouragement au terrorisme sévissant dans ce pays», tout en rappelant que «selon les chiffres officiels, 3000 Tunisiens se trouvent dans les rangs de Daech et du Front Al Nosra, sévissant en Syrie et en Irak. Le peuple tunisien craint la perpétration de nouveaux attentats dans leur pays avec le retour des djihadistes partis gonfler les rangs de Daech, en Syrie et en Irak. La menace proférée par une organisation se réclamant de l'organisation terroriste appelée Etat Islamique ou Daech, à la veille de la tenue du deuxième tour des élections présidentielles, serait l'une des conséquences de la politique «pro-extrémiste» suivie par Moncef Marzouki. En réaction, le gouvernement a affirmé que «les menaces n'empêcheront pas l'électorat tunisien de se rendre en masse aux urnes». Des dizaines de milliers de militaires, de policiers et d'éléments de la garde nationale sont mobilisés pour faire face à toute éventualité pendant la tenue du deuxième tour. Le candidat Beji Caïd Essebsi, favori pour ces élections, qui refuse de s'allier aux extrémistes, promettant de ne pas négocier avec les terroristes, s'est engagé, il y a quelques jours, lors d'une conférence de presse, à renforcer les relations diplomatiques entre son pays, la Syrie et l'Egypte. Ce qui ne plaît pas à Moncef Marzouki ne plaît pas à Daech, mais plaît à une très grande partie du peuple tunisien.