En l'espace d'une semaine, l'alerte à la pollution a été donnée à trois reprises sur les versants de l'oued Seybouse et à son embouchure. D'abord, sur la commune de Boukemoussa, dans la wilaya de Guelma, et sur celle de Chihani, dans celle d'El-Tarf, où des cheptels d'ovins et de bovins ont enregistré des pertes importantes. Ensuite, c'est au tour de l'embouchure de l'oued Seybouse dans la wilaya, de renouer avec la même situation d'il y a huit mois, à savoir de nombreux poissons morts, principalement d'eau douce, gisant sur la plage d'échouage de Sidi Salem. Préoccupants à plus d'un titre, ces trois cas ont vite fait de mobiliser les services concernés. Pour le moment, aucune explication sur les raisons exactes de cette pollution n'a été avancée. Le périmètre en question a été sécurisé et des prélèvements d'échantillons ont été transmis pour analyse aux différents laboratoires spécialisés en la matière. C'est donc le «wait and see» mais, pour beaucoup d'experts, le danger qui mine l'oued Seybouse a ses origines dans les quantités de déchets toxiques qui s'y déversent. Le littoral de Sidi Salem, où se jette l'oued, est devenu un véritable dépotoir. Cette partie du rivage a d'ailleurs été désignée, selon les différentes études établies par SAFEGE Algérie, comme étant le plan d'eau le plus pollué actuellement du pays. Et, malgré le triste épisode d'août 2016, des rejets polluants de toutes sortes trouvent toujours refuge à l'oued Seybouse qui longe un bassin de 6 400 km2, sur pas moins de 7 wilayas. Ainsi, ce bassin est confronté, chaque jour, à plusieurs polluants industriels et urbains émanant des différentes villes. Cependant, seules les villes situées directement sur le versant de la Seybouse, à savoir, El-Tarf, Souk-Ahras, Guelma et celle qui l'hégerge sont les plus polluantes. Selon une enquête réalisée par l'Association de protection de l'environnement et de lutte contre la pollution (ANPEP), sise à Annaba, le degré de pollution est si élevé que les prémices d'une catastrophe écologique sont réelles. L'enquête a révélé que sur les 7.5 millions m3 de polluants industriels rejetés quotidiennement dans cette rivière, 3 millions de m3 sont des huiles usagées. Ainsi, le bouleversement écologique qui frappe, encore une fois, de plein fouet les rives de l'oued Seybouse et le fond marin d'une partie du littoral de la wilaya interpelle, au-delà de l'alerte à la pollution et ce, en attendant des résultats des analyses confirmant ce qui paraît connu d'avance…