Malgré plusieurs programmes de logements lancés à Oran, l'effort de l'Etat se retrouve confronté à une demande de plus en plus grandissante. Le programme d'urgence initié en 1995 dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire, soutenu par la Banque mondiale, a certes permis de contenir l'urbanisation anarchique de la ville , mais il n'a pas pu satisfaire l'attente des nombreux demandeurs qui se comptent aujourd'hui à plus de 12 000 pour le seul chef-lieu de wilaya, alors qu'ils étaient plus de 19 000 en 2003. Le programme d'un million de logements initié par le président de la République a permis au cours de la tranche 2004-2009 la réception de plus de 5000 habitations toutes formules confondues. Dans ce cadre, près de 3000 familles du quartier Haï Esssanaouber (ex-Planteurs) ont bénéficié de logements décents construits dans la banlieue est d'Oran. Ce programme inscrit au titre de la restructuration de certains sites et de la résorption de l'habitat précaire n'a pas pour autant réussi à contenir une courbe exponentielle de la demande. Aujourd'hui, la ville s'apprête à distribuer près de 1700 logements sociaux inscrits au titre du programme complémentaire du président de la République. «Ces habitations sont destinées au relogement en priorité des familles concernées par les opérations de réhabilitation du vieux bâti, actuellement engagées dans certaines parties de la ville. Un quota est destiné aux familles habitant encore Haï Essanaouber, et un autre aux familles logées dans des habitations précaires ou présentant des risques d'effondrement», affirme un élu de la commune d'Oran. Cette même source affirmera que depuis le transfert des prérogatives de distribution aux daïras, le dossier du logement a connu certains couacs. Le fichier des demandeurs qui était détenu par l'Office de promotion et de gestion immobilières (OPGI) et les communes doit être réactualisé pour permettre d'avoir une idée précise sur la demande qui doit être stabilisée pour espérer un jour régler définitivement ce problème national. Actuellement, outre les demandeurs habitant les bidonvilles encore recensés dans le tissu urbain et ceux dont les habitations sont classées vieux bâti, la ville d'Oran doit faire face au problème de relogement des habitants du quartier Batimate Taliane, des immeubles en préfabriqué, érigés au lendemain du glissement de terrain Ras El Aïn durant les années quatre vingt-dix, un drame qui avait fait près d'une centaine de morts et des dizaines de familles sans abri. «Ces habitations qui ne sont pas en dur ont dépassé leur durée de vie et nous devons trouver une solution pour reloger plus de 500 familles qui y vivent», affirme un élu du secteur urbain d'Essedikkia. L'opération de recensement de ces dernières a été entamée depuis des années, et tout est fin prêt pour mener à terme cette opération qui permettra de dégager une assiette foncière de près de 20 ha qui sera destinée à l'aménagement du nouvel Oran qui prendra naissance à partir du parc de Sidi M'hamed au lieu les Falaises pour englober le secteur de l'hôtel Sheraton, le Palais des conventions en cours de construction par Sonatrach, le parc des Grands Vents et l'entrée de Canastel. Depuis quelques jours, ayant eu vent d'une imminente distribution de logements sociaux, des dizaines de familles se sont ruées vers le service logement de la commune d'Oran, sis à l'avenue d'Arcole à Gambetta. Un responsable affirme qu'un véritable travail d'investigation sera entamé pour débusquer ceux qui n'y ouvrent pas droit. «Nous procéderons selon les règles en vigueur. Nous procéderons à une première étude des dossiers avant de procéder à un premier affichage de la liste des bénéficiaires soumise à l'appréciation des citoyens pour d'éventuels recours, avant la publication de la liste définitive. Nous ne nous permettrons aucune faute pour ne pas pénaliser les citoyens. Tout se fera en toute transparence», affirme la même source. Oran a bénéficié de plusieurs programmes de logements qui ont transformé sa morphologie. Dans ce cadre, Haï Ennour, Essabah et El Yasmine ont vu le jour dans le cadre des programmes LSP, Haï Akid Lotfi surgi en contrebas du boulevard du Millénium a été construit dans le cadre des programmes du logement promotionnel et participatif, alors que les prolongements est et sud de la cité USTO abritent des cités AADL qui comptent, toutes trois, plus de 2000 habitations. Cette dynamique est complétée par les programmes d'autoconstruction lancés sous la forme de coopératives immobilières ou d'habitations individuelles érigées sur des lots attribués par les communes ou vendus par les agences foncières. Mais malgré tout cela, il reste beaucoup à faire avant de dire que la crise du logement est maîtrisée à Oran, tant la demande ne cesse d'augmenter.