La rade d'Alger n'est plus encombrée de bateaux marchands, confirmant une baisse sensible du trafic de marchandises au port d'Alger. Cette situation peu singulière, qui n'a pas été observée depuis les années 1970, s'explique par la décision des hautes autorités de l'Etat de réorienterle trafic des marchandises non conteneurisées vers les autres ports du pays, Alger ne recevant, depuis l'entrée en vigueur de la mesure, que les navires transportant du fret en conteneurs. En octobre, si l'on s'en tient aux statistiques fournies par les Douanes algériennes, la baisse du trafic est considérée comme assez significative puisque, selon les statistiques fournies par les Douanes algériennes, les opérations commerciales à l'importation ont enregistré une baisse de 20,37%. Elles passent de 394 770 tonnes en octobre 2008 à 314 348 tonnes au même mois en 2009. Selon les chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis), la baisse en valeur est «plus prononcée» puisqu'elle est évaluée à -38,37%. Le montant est passé ainsi de 615 millions de dollars en octobre 2008 à 379 millions de dollars à la même période en 2009, soit près de la moitié. Intervenant à propos du trafic marchand au port d'Alger, le directeur du Cnis, Hocine Houri, a indiqué que la décision du gouvernement a permis d'«assurer une fluidité du trafic portuaire, une meilleure maîtrise des capacités portuaires existantes ainsi qu'une bonne visibilité». La mesure a même aidé à la fluidité de la circulation routière, a-t-il ajouté, confirmant ainsi le bien-fondé d'une mesure qui, si elle n'avait pas plu aux opérateurs privés, notamment les concessionnaires automobiles, a eu comme conséquence de revivifier l'activité de certains ports qui était pratiquement en situation de faillite. Une décision salutaire La décongestion du port d'Alger a été, faut-il le rappeler, l'un des grands soucis de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis les années 1970 qui, pour remédier à la question, avaient tenté plusieurs expériences, telles la création de ports secs, la construction de bretelles reliant le port à la Moutonnière, l'interdiction d'activités à l'intérieur du port ou la mise en place du système de brigades de travail. Toutes ces mesures n'avaient en fait donné aucun résultat probant, le port continuant à suffoquer sous le poids des importations massives conséquentes à la libéralisation du commerce extérieur et à l'aisance financière du pays. Ni la modernisation des moyens des services douaniers, accusés à tort de bureaucratie et de nonchalance dans le traitement des cargaisons, ni la mise en route de scanners n'ont pu, à leur tour, remédier au problème. Il a fallu que le Conseil interministériel prenne en juin la décision radicale d'interdire carrément la réception des marchandises non conteneurisées au port de la capitale. La décision est entrée en vigueur le 1er octobre, et depuis, les navires transportant les cargaisons de rond à béton et de bois, les produits alimentaires non conteneurisés, les marchandises diverses non conteneurisées et les véhicules (car-carriers) ne sont plus autorisés à y décharger leurs marchandises. L'engorgement à longueur d'année du port d'Alger avait fait perdre à l'Algérie des milliards de dollars, à savoir des taux de fret et des primes d'assurances élevés, des taxes de congestion et des surestaries, des retards dans la livraison des clients, la péremption de produits fragiles... Avant l'application de cette mesure, quelque 70 navires attendaient quotidiennement en rade et à quai, entraînant pour l'Algérie un coût annuel estimé à 700 millions de dollars, d'après des estimations officielles. C'est à cet ensemble de désagréments que la nouvelle organisation du trafic maritime a permis de mettre fin. Plus important, la décision du gouvernement a eu des répercussions favorables sur l'activité des autres ports du pays, notamment les ports de Béjaïa, de Jijel, de Mostaganem, de Ténès et de Ghazaouet, qui connaissent depuis un regain de dynamisme, après avoir somnolé des décennies durant. En fait, c'est toute l'économie des wilayas abritant ces ports qui vient d'être bouleversée par la mesure du gouvernement.