L'affaire de détournement de fonds publics et privés subie par les mines d'ArcelorMittal de l'Ouenza et de Boukhadra et dont le préjudice est estimé à 600 millions DA a connu un nouveau rebondissement à la fin de la semaine écoulée, alors que l'on croyait que ce dossier avait été clos avec la mise en accusation de l'ex-DG de l'entreprise, Benabderahmane Omar, de son chef d'exploitation M. Leulmi et de 4 prestataires de services. Surprenant tout le monde, le juge d'instruction près du tribunal d'El Aouinet (Tébessa) chargé du dossier a exigé l'ouverture d'une nouvelle enquête au niveau des sites miniers objet du détournement de deniers publics et privés, de l'abus de biens sociaux et des délits de faux et usage de faux retenus contre ces derniers. Dans le souci évident de ne rien laisser au hasard, le magistrat instructeur a ainsi exigé des éléments de la brigade économique de la police judiciaire de l'Ouenza qu'ils entament, dès lundi, des investigations poussées sur les responsables actuellement en fonction au niveau des deux mines contre lesquelles des mesures préventives avaient été retenues et sur les gérants des entreprises sous-traitantes de la société des mines, qui n'avaient pas été du tout cités jusqu'à présent. Cette réouverture du dossier répond aux attentes des quatre chefs d'entreprises inculpés et placés sous contrôle judiciaire depuis juillet dernier. S'estimant injustement impliqués, ces derniers n'ont cessé de clamer leur innocence dans toute l'affaire et accusent à leur tour les policiers qui ont mené l'enquête depuis mai 2009 d'avoir volontairement épargné les véritables auteurs de malversations. Ils ont même adressé des requêtes écrites aux plus hautes instances du pays, saisissant même le tout nouveau directeur général de la sûreté nationale, l'implorant de faire toute la lumière sur les conditions dans lesquelles ont été menées les investigations au niveau de l'Ouenza et Boukhadra. Les prestataires de services pointent du doigt le chef de sûreté de daïra, qui aurait volontairement laissé des coins d'ombre dans le dossier afin d'éviter à certains responsables des 2 sites miniers et aux véritables bénéficiaires des marchés délictueux, des poursuites judiciaires, disent-ils. Lors de la première enquête, qui avait été déclenchée, rappelons-le, sur la base d'une lettre de dénonciation anonyme adressée au parquet général de Tébessa, il avait permis au magistrat instructeur de cerner les responsabilités de chacun et de prouver le préjudice causé à l'entreprise des mines. Le parquet avait pu de son côté retenir des preuves de malversations contre les prévenus sur lesquels pèsent, dès lors, de sérieuses présomptions de détournement de fonds publics et privés, faux et usage faux en écritures et surtout d'abus de biens sociaux. Le juge d'instruction a estimé, lundi, que l'affaire doit être épluchée avec beaucoup plus de soin pour en apprécier tous les aspects, dont acte. Nos sources affirment aussi qu'au moins 6 personnes, d'autres sous-traitants qui auraient bénéficié de contrats de complaisance avec la société dans le domaine de la maintenance et des fournisseurs en pièces de rechange, sont susceptibles d'être impliquées pour fausses facturations. Le dossier constitué par les éléments de la police judiciaire et remis aux juges était accablant, notamment pour les principaux responsables d'ArcelorMittal Tébessa, à savoir l'ex-directeur général de la société Benabderahmane Omar et son ex-directeur d'exploitation, M. Leulmi. Le juge d'instruction près le tribunal d'El Aouinet avait alors placé sous contrôle judiciaire les quatre entrepreneurs sous-traitants cités et lancé un mandat d'arrêt à l'encontre des deux responsables, qui n'avaient pas répondu à la convocation de la justice.