Les autorités américaines viennent de démanteler un réseau d'escrocs qui, depuis des années, détournaient de l'argent d'un fonds de réparation aux victimes du nazisme, rapporte l'hebdomadaire Le Point. En 16 ans, ils ont réussi à siphonner plus de 42 millions de dollars de la Conference on Jewish Material Claims Against Germany. Cet organisme créé en 1951 et basé à New York gère plusieurs programmes financés par le gouvernement allemand. L'un alloue 3.600 dollars aux juifs, notamment de l'Europe de l'Est, qui ont tout abandonné pour fuir les persécutions nazies. Le second dédommage les individus qui se sont cachés, ont adopté une fausse identité ou qui ont été envoyés dans des camps de concentration. Ils reçoivent 411 dollars par mois s'ils ont des revenus annuels inférieurs à 16.000 dollars. Dix-sept personnes ont été arrêtées dont six employés du fonds. Ils avaient mis au point une opération sophistiquée, raconte le New York Times. Ils recrutaient principalement dans la communauté russe juive de Brighton Beach, à Brooklyn, en offrant, par le biais des petites annonces de journaux en russe, de l'aide à des gens qui cherchaient à obtenir des compensations. Ils arrangeaient ensuite les récits des victimes, sans forcément qu'elles soient au courant, pour qu'ils collent aux critères du fonds. Ils trafiquaient ainsi les lieux et les dates de naissance, pour qu'ils soient au moins nés avant la Seconde Guerre mondiale, les certificats de mariage et ne se gênaient pas pour réutiliser plusieurs fois les mêmes anecdotes racontées dans les mêmes termes et les mêmes photos sur les passeports. Dans un des cas, ils ont changé le lieu où une femme de 69 ans vivait parce que sa ville n'avait pas été occupée par les Allemands. Dans un autre, ils ont modifié la date et le lieu de naissance d'un individu qui n'était même pas juif. Quant à l'homme qui racontait sa fuite de Kiev à 13 ans, ses papiers ont été arrangés pour qu'il ait l'air d'avoir été à l'école à Kiev alors qu'il vivait à Leningrad qui n'a jamais été envahie par les nazis. Une fois les dossiers approuvés, les fausses victimes reversaient une partie de l'argent aux escrocs. Les employés ont commencé à soupçonner une fraude lorsqu'à peu de jours d'intervalle, ils ont remarqué sur deux dossiers différents des faits très similaires. Après enquête, ils ont alerté le FBI en décembre 2009. La police a découvert pour le moment plus de 5.500 fausses demandes entre 2000 et 2009. Cela représente moins de 1 % des dossiers de candidature, se défendent les responsables du fonds, qui précisent que sur les deux dernières décennies, plus de 630.000 individus ont reçu des réparations.