La cité Bois des Pins, dans la commune de Hydra (Alger), était très calme hier matin. Dans la rue, les gens se font rares en ce 9e jour de Ramadhan. De temps à autre, un véhicule passe. Le vent qui soufflait sur la ville depuis la nuit de lundi soulevait des nuages de poussière. Des dizaines de policiers étaient postés à l'entrée du quartier et dans les couloirs du bâtiment G. C'est dans ce décor que des travailleurs interviennent sur le chantier du parking à étages ouvert effectivement la semaine dernière en contrebas de l'immeuble. Le projet, qui est à l'origine de la discorde opposant les résidents aux autorités locales, est au stade des terrassements. Des camions de gros tonnage sont utilisés pour évacuer le tuf résultant des excavations. Celles-ci ont provoqué la rupture d'une canalisation d'évacuation des eaux usées et les eaux d'égouts coulent à ciel ouvert. Pour la deuxième journée consécutive, aucun heurt entre policiers et habitants n'a été enregistré, témoigne-t-on, mais le problème n'est pas résolu pour autant. Les habitants sont mobilisés depuis quelques mois contre ce projet, demandant sa délocalisation car implanté sur un espace vert. Une plainte a été déposée contre la wilaya et l'APC de Hydra : les requérants demandent la suspension des travaux en attendant de statuer sur le projet lui-même. Après une mobilisation «pacifique» durant laquelle l'association du quartier à pris langue avec les responsables locaux, la situation s'est nettement dégradée. En effet, l'installation du chantier a provoqué la colère des riverains qui ont décidé d'entraver les travaux de construction. L'intervention de la police s'est soldée par des émeutes. Les jeunes de la cité utilisaient l'immeuble G, haut de neuf étages, pour lancer des projectiles contre le cordon de sécurité et les travailleurs. La police a répliqué par une intervention musclée jeudi matin. Durant cette intervention, deux personnes, dont Abdelghani Menahi, porte-parole de «l'association des sages», accusées d'être les meneurs, ont été arrêtées et présentées dimanche dernier devant le procureur qui les a libérées en attendant la comparution de M. Mehani devant le juge le 2 novembre. Il devra répondre de plusieurs chefs d'inculpation dont d'atteinte à l'ordre public et incitation à attroupement armé. S'agissant de la plainte en vertu de laquelle les locataires demandent l'arrêt immédiat des travaux, après deux reports, le juge près le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs s'est donné jusqu'au 15 août pour rendre son verdict. Dans la cité, malgré le début des travaux, aucune plaque de chantier n'est visible pour informer sur la nature du site. A la wilaya, les responsables affirment qu'il est question de construire un parking et que l'opération est confiée à l'entreprise Batigec pour un montant total de 1,4 milliard DA et un délai de réalisation de 15 mois. Le 29 juin dernier, à l'occasion de l'ouverture des travaux de la deuxième session annuelle de l'assemblée populaire de wilaya, le wali Mohamed Kébir Addou a laissé entendre que le terrain en question était convoité par des gens qui voudraient y créer une promotion immobilière. Suivant cette logique, M. Addou a qualifié les habitants récalcitrants de «groupe de personnes manipulées» par ces promoteurs. «Le parking aura des retombées bénéfiques sur la population. Il est devenu impossible de circuler dans le boulevard Sidi Yahia surtout en soirée», a dit le wali, pour qui l'espace vert défendu n'est qu'un «petit maquis». La suite des événements est difficile à prédire. Les habitants du bâtiment G dénoncent la présence des policiers dans les couloirs, ce qui constitue pour eux une atteinte à leur intimité. De son côté, la police ne videra les lieux que si elle reçoit l'assurance de la population que l'immeuble ne sera pas utilisé pour lancer des projectiles sur elle et sur les travailleurs. Un véritable casse-tête.