Lors d'une rencontre avec la presse, mercredi dernier, Me Sellini, bâtonnier d'Alger, a exprimé sa volonté de combattre le phénomène grandissant de la domiciliation d'avocats étrangers sur le sol algérien activant au sein de bureaux d'affaires et de conseils juridiques. Une déclaration parmi d'autres qui ont soulevé des questions au sein de la corporation et suscité la réaction de certains membres du Conseil de l'ordre contactés par nos soins. Des avocats algériens dont certains agréés à la Cour suprême ont confirmé l'existence d'avocats, voire de sociétés d'avocats étrangères et précisément françaises activant en Algérie sur la base d'agréments concédés par le Conseil de l'ordre des avocats. Les mêmes avocats révèlent sous cape que «Me Sellini, bâtonnier d'Alger, qui aujourd'hui part en guerre contre ces avocats étrangers domiciliés en totale contradiction avec la réglementation et les lois de la République, est à l'origine de ces domiciliations», précisant que «c'est lui-même qui les a autorisées, en dépit du refus d'avaliser cette pratique exprimée par certains membres du Conseil de l'ordre». Ce qui, selon des juristes «représente une grave violation du règlement régissant la profession en Algérie». Selon des confessions faites en aparté et sous le sceau de l'anonymat, «le bâtonnier d'Alger aurait autorisé ces domiciliations suite à une demande formulée par des responsables de la représentation diplomatique de France en Algérie». Ces derniers, tout en s'interrogeant sur «l'absence de tableau d'avocats algériens», affirment que «des cabinets d'avocats français domiciliés entre autres au Val d'Hydra activent impunément et se permettent des honoraires élevés dont certains sont versés en euros». Un état de fait interprété comme une tentative de dévaloriser les avocats algériens et remettre en cause leurs compétences. Suite à la déclaration contradictoire du bâtonnier d'Alger, les langues se sont déliées pour dénoncer les attitudes irrégulières adoptées par le premier responsable du conseil de l'ordre des avocats accusé d'user et d'abuser de son statut sans tenir compte de l'avis de certains membres du conseil». Un des membres du conseil, exacerbé par le comportement du bâtonnier, a relevé «le caractère totalitaire et scandaleux du bâtonnier qui s'est même permis d'agréer un général de l'armée algérienne chargé du sport militaire qui jouit actuellement du statut d'avocat». Les avocats algériens sont-ils domiciliés à l'étranger ? En sa qualité d'avocat, Me Sellini peut-il se permettre de transgresser les lois et règlements en autorisant la domiciliation d'avocats étrangers ? Y a-t-il des avocats algériens domiciliés à l'étranger ? A ce propos, notent des avocats «comment expliquer la domiciliation de la fille de Me Sellini, avocate, sur le sol français, plus précisément à Montpellier ?» A cette question, le bâtonnier national, Me Lenouar affirme que «les avocats cités par Me Sellini et agréés par lui-même sont détenteurs de registres du commerce délivrés par le ministère du Commerce et non par celui de la Justice, précisant : «Nous sommes en pourparlers avec les autorités pour mettre fin à ces pratiques». Le bâtonnier national a clairement indiqué que «cette question est très complexe», expliquant qu'«elle obéissait à des conventions qui n'ont pas été respectées par les étrangers et nous leurs rendons la pareille». A propos de la proposition d'une année blanche proposée par le bâtonnier d'Alger, Me Lenouar a indiqué que «le bâtonnier d'Alger ne peut représenter les 40 000 avocats d'Algérie et doit se plier aux décisions prises par le conseil national qui ont été sanctionnées par l'option d'amendement du statut et non son rejet», précisant «qu'il est inconcevable de penser au retrait du statut».