Depuis leur libération et leur rapatriement de Somalie, où ils ont passé plusieurs mois en détention, les 17 otages sont dans l'expectative. Après avoir enduré des mois les conditions inhumaines imposées par les pirates somaliens, ils deviennent «les otages d'une situation financière dramatique dont leur progéniture en pâtit cruellement». «Nous n'avons plus aucun sou et c'est à peine si on ne quémande pas de l'argent pour nourrir nos enfants», affirme l'un d'eux, lequel n'hésite pas à remettre en cause le laxisme des responsables de la compagnie et de l'armateur jordanien, locataire du MV Blida, à bord duquel ils s'étaient embarqués pour effectuer un voyage qui deviendra «infernal». Un des marins contacté par téléphone (les intempéries empêchent la plupart d'entre eux de se déplacer) n'a pas caché sa colère. Pour ce dernier, «les responsables ont adopté une position scandaleuse lorsqu'il s'agissait de notre prise en charge financière», précisant que «le directeur général de la Cnan nous a proposé des prêts alors que nous n'avons aucun revenu». Il a expliqué que, «durant une réunion qui a regroupé les 17 marins ex-otages ainsi qu'environ 250 autres marins de la compagnie, le premier responsable n'a pas trouvé d'autres solutions que de proposer des prêts. Suite à nos doléances, il a indiqué que la compagnie est en voie d'entreprendre une poursuite judiciaire à l'encontre de l'armateur jordanien qui, logiquement, a une part de responsabilité dans le drame que nous avons vécu et dont les retombées ont été ressenties par nos proches et parents». La gorge nouée par l'angoisse, l'un des ex-otages «dénonce le mépris dont ils font l'objet», ajoutant : «Les autorités auraient pu prendre en charge les marins et non les mépriser. Ils ont été pris en otage par les pirates somaliens alors qu'ils effectuaient le voyage sur un bateau battant pavillon algérien.» La plupart des marins déplorent le manque de considération des autorités et des responsables de la compagnie maritime algérienne. Aujourd'hui, les «hommes de la mer sont pris dans un tourbillon et attendent une bouée de sauvetage que seuls les responsables peuvent leur jeter». Ils gardent l'espoir et s'agrippent, bénéficiant de la solidarité des amis et des proches.