Me Laceb Ouali et Me Bourayou Khaled, défenseurs du principal accusé dans l'affaire de détournement et dilapidation de 3200 milliards de centimes, et dont le procès se tenait hier au tribunal de Sidi M'hamed à Alger ont relevé des anomalies suite à la consultation des chèques utilisés par Achour Abderrahmane et versés dans le dossier à la suite des réclamations émises par les avocats lors du dernier procès. Ces anomalies démontrant le faux et usage de faux ont poussé le président de l'audience à prononcer le report de cette affaire au 3 avril prochain. Il convient de préciser que ce report repose sur une demande d'un délai supplémentaire pour la consultation des chèques corps du délit, lesquels n'ont été accessibles que le 19 mars, soit 7 jours avant le début du procès d'hier. Partant du fait que ces 7 jours étaient insuffisants pour la consultation de ces chèques, les avocats ont réclamé un délai supplémentaire qui leur permettrait d'étudier ces derniers. A ce sujet, relèvent les avocats, «au lieu de nous remettre les 1957 chèques, la justice n'a mis à notre disposition que 1884 chèques, ce qui nous pousse à nous demander où sont les 73 autres manquants». Me Khemkhem a, durant sa plaidoirie, relevé d'autres anomalies, voire l'absence de documents pouvant prouver et attester le délit de dilapidation et détournement. «Des chèques réglés légalement figurant sur l'arrêt de compte remis par la BNA ont été insérés dans le dossier et retenus comme étant des chèques sans provision», explique Me Laceb pour argumenter la plainte pour faux et usage de faux qu'il a introduite contre les experts pour le compte de son client Achour Abderrahmane, ajoutant que «des chèques émis en mars 2004 ont curieusement été introduits en des dates différentes et dont certains portaient les mêmes numéros». «C'est à la suite de la découverte de ces anomalies constatées lors de l'étude des chèques que nous avons introduit une plainte en pénal contre les experts dont l'expertise est remise en cause», affirment les avocats de Achour Abderrahmane qui précisent que «ces anomalies n'ont pas été relevées antérieurement du fait que nous avions droit à un listing établi par la BNA». Allant dans le détail, les deux avocats affirment : «Notre client ne peut être à la fois émetteur et bénéficiaire des chèques tant il est vrai que dans ce cas de figure, il devient victime». Devant le constat établissant les anomalies cautionnées et sanctionnées dans les expertises, la plupart des avocats ont souscrit à la démarche de Me Laceb et de Me Bourayou. Il va sans dire que le juge, ne pouvant se dérober devant les faits relevés par les avocats, a été contraint de prononcer le report du procès au 3 avril prochain. Au su des déclarations des uns et des autres et en attendant l'examen des 1884 chèques par l'ensemble des avocats, le procès relatif à cette affaire de détournement de 3200 milliards promet des surprises.