Le cours de l'once d'or a fortement reculé cette semaine, dans un marché paniqué par des ventes massives de la part de fonds d'investissements spéculatifs et refroidi par l'éventualité de voir la Réserve fédérale américaine (Fed) durcir prématurément sa politique monétaire. OR Traditionnelle valeur-refuge, l'or n'a pourtant pas été épargné cette semaine par le grand accès de défiance des investisseurs, chutant à l'unisson des marchés boursiers et des cours des métaux industriels. Le métal jaune est tombé jeudi à 1.555,55 dollars l'once, au plus bas depuis 7 mois. "Alors que des fonds spéculatifs liquidaient massivement leurs positions (à l'achat sur le marché de l'or), le mouvement de vente a paniqué les investisseurs qui se sont désengagés en nombre des métaux précieux" pour se procurer des liquidités, a expliqué Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. Selon lui, "le recul des prix sous le seuil psychologique crucial des 1.600 dollars l'once a intensifié des ordres de vente en bataille". Michael Hewson, analyste du courtier CMC, pointait quant à lui une configuration rare, dans laquelle la moyenne des cours de l'or sur les 50 derniers jours tombait sous le prix moyen des 200 derniers jours, "ce qui est d'habitude un signal de mauvais augure", autrement dit une invitation à vendre. Signe de l'ampleur de cette "panique", SPDR Gold Trust, le plus gros fonds d'or coté dans le monde (un produit boursier adossé à des stocks physiques de métal jaune), a vu le niveau de ses participations chuter de plus de 30 tonnes en l'espace de quatre jours, pour tomber jeudi soir à 1.290,3 tonnes, au plus bas depuis 5 mois. Si le marché des métaux précieux était jugé "surchauffé" par certains analystes, qui évoquaient un gonflement excessif des positions spéculatives longues (misant sur une montée des cours), le repli des cours de l'or s'est clairement accentué après la publication mercredi des minutes de la dernière réunion de la banque centrale américaine (Fed). "Le marché a été particulièrement ébranlé par les discussions sur les risques et les coûts d'une prolongation des achats d'actifs, et les modalités d'une sortie de ces programmes d'assouplissement monétaire", suggérant que l'institution pourrait effectivement mettre fin prématurément à ces mesures d'aide à l'économie, a souligné Austin Kiddle, du courtier Sharps Pixley. En effet, ces injections massives de liquidités par la Fed contribuent à stimuler les investissements dans les métaux précieux et à diluer la valeur du dollar. La publication des minutes a de fait entraîné une nette appréciation du billet vert, décourageant d'autant plus les achats d'or libellés dans la devise américaine. "Les acheteurs asiatiques (notamment chinois, de retour des congés du Nouvel an lunaire, ndlr) ont vite fait leur apparition sur le marché pour profiter de la chute des cours", mais "il n'est pas certain que cela suffise à alimenter un rebond durable" car dans l'ensemble "la confiance des investisseurs dans l'or ne devrait pas se rétablir du jour au lendemain", a noté M. Kryuchenkov. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1.576,50 dollars vendredi au fixing du soir contre 1.612,25 dollars le vendredi précédent. ARGENT L'argent, alternative moins onéreuse à l'or, a accompagné le métal jaune dans ses fluctuations, glissant jeudi à 28,29 dollars l'once, son plus bas niveau depuis août. L'argent a terminé la semaine à 28,79 dollars l'once, contre 30,18 dollars sept jours auparavant. PLATINE/PALLADIUM Les cours des métaux platinoïdes, dont le principal débouché est l'industrie automobile, ont décroché dans le sillage des métaux industriels, pâtissant eux aussi de la défiance des investisseurs spéculatifs et du renchérissement du dollar, et alors que les ventes de voitures en Europe continuent de s'effriter. Les opérateurs surveillent cependant l'Afrique du sud (premier pays producteur de platine), après des affrontements intersyndicaux qui ont fait treize blessés lundi dans une mine du Rustenburg, entraînant le lendemain des arrêts de travail d'une partie du personnel d'Anglo American Platinum (Amplats). "Cela met une fois de plus en lumière les risques sur la production minière sud-africaine (...) et si les conflits (syndicaux) prenaient vraiment de l'ampleur, cela pourrait conduire à des fermetures de mines (comme en 2012), apportant un soutien aux prix du platine", ont commenté les experts de Commerzbank. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi soir à 1.611 dollars contre 1.676 dollars une semaine auparavant. L'once de palladium a fini à 732 dollars contre 754 dollars le vendredi précédent.