Sur le sol français et devant Kofi Annan, Bouteflika a réitéré la position de l'Algérie pour un dénouement pacifique de la crise irakienne. Le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a pris une part active aux travaux du 22e sommet France-Afrique. Outre son adresse générale au sommet dans laquelle il a rappelé la nécessité, «à un moment où le monde semble à la veille de profonds bouleversements, ‘‘d'emprunter'' le chemin de la concertation et de l'action collective», il est intervenu sur tous les thèmes abordés: la paix et la sécurité, le terrorisme, le développement agricole, le développement humain, l'environnement et l'eau et la préservation des ressources naturelles. Mais la rencontre de Paris a surtout permis au chef de l'Etat de mettre en exergue la mobilisation africaine pour la paix et la sécurité comme condition de base à un développement durable et son attachement à la paix en adoptant la déclaration sur l'Irak, celle de l'organe central de prévention, de gestion et de règlement des conflits du 3 février dernier à Addis-Abeba, confirmant ainsi le choix de l'Algérie à inscrire sa propre démarche dans le concert des nations qui oeuvrent, avec persévérance, à sauvegarder l'Irak dans l'unité de son peuple et de son territoire ainsi que dans sa souveraineté et son indépendance. D'autant plus que les possibilités offertes par la résolution 1441 n'ont pas encore été exploitées. Cette déclaration du chef de l'Etat algérien intervient au moment où le pays organisateur de ce sommet c'est-à-dire la France, se voit conforté dans ses positions par l'ampleur du mouvement antiguerre et au moment où le président Jacques Chirac juge également possible de désarmer l'Irak sans recourir à la force. Alors que les autres dirigeants européens acquis au recours à la coercition contre Bagdad sont déstabilisés et mis en porte-à-faux à la suite du succès des manifestations pacifistes. En parallèle à cette position inaliénable rappelée par le chef d'Etat algérien et qui prouve encore une fois que l'Algérie continuera ses efforts de paix afin que la crise irakienne connaisse un dénouement pacifique, à même de préserver la stabilité de la région ainsi que la sécurité internationale, conformément aux principes de la charte des Nations unies. Par ailleurs, le Président Bouteflika a déclaré que la communauté internationale a tardivement pris conscience des dangers du terrorisme auquel l'Afrique a eu à faire face bien avant que ne le découvre le monde occidental. En adoptant, entre autres, la convention d'Alger sur la prévention et la lutte contre le terrorisme; une convention qui se veut un instrument de coopération régionale et internationale dans la prévention et la lutte contre le terrorisme. Néanmoins, il n'a pas manqué de dissiper l'amalgame qui pourrait encore subsister entre ce dernier et le droit des peuples à l'autodétermination. Il s'est dit pour une réponse globale à cette menace globale qu'est le terrorisme. «La lutte contre le terrorisme doit aussi s'atteler à combattre les liens, maintenant établis entre les réseaux terroristes et les autres filières du crime transnational organisé tels les trafics de drogue, d'armes et le blanchiment d'argent», tout en estimant que la guerre contre le terrorisme doit être menée de pair avec une réflexion sur ses causes profondes telles que l'exclusion, l'injustice, la marginalisation, le manque d'accès aux structures de soins et d'éducation et l'extrême pauvreté qui constituent autant de facteurs qui, exploités par des idéologies extrémistes, donnent naissance à la haine, la violence et le terrorisme. Le Président a estimé à cet égard, que la lutte antiterroriste doit être accompagnée de politiques de développement économique et social qui combattent la pauvreté et s'orientent vers une meilleure justice sociale qui finiront par supprimer les facteurs de tension générateurs de terrorisme. Précisant que dans cette lutte, il est recommandé d'éviter de mettre en cause par amalgame des religions ou des civilisations. De par ses positions pacifistes qui sont celles de l'Afrique, Bouteflika a certainement rejoint la «vieille Europe» tout en faisant un appel du pied au «nouveau monde» qui s'engage dans une guerre totale contre le terrorisme.